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Voilà, enfin, une période s’achève. Nouvelles métamorphoses.
Il y a quelques jours voilà ce que je disais à un très cher ami : La solitude, je la connais bien…je suis presque un expert en la matière, on pourrait dire. Mais maintenant, je suis épris d’un désir fou de présences humaines. A foison. J’ai creusé jusqu’au dernières limites le puits de la solitude, afin de ne plus avoir à y retourner pour tout le reste de ma vie. Un temps, j’ai chanté les heures solitaires, calfeutré le mur qui me séparait des autres. J’ai creusé la terre de l’isolement comme on creuserait sa tombe. Je ne parlais avec les autres qu’à contre-coeur. Même au milieu d’amis, je me surprenais à bailler et à sombrer dans une même rêverie, celle de l’attente, celle du moment où enfin je pourrai retrouver ma solitude contemplative.

J’ai envie de foutre en l’air les mélodies laborieuses.
Je rêve d’un nouvel air.
J’irai crever bien avant en hurlant ce que je désire, plutôt qu’en criant contre ce que je n’ai pas.
Je prends conscience de ce que je suis, sans oublier que je ne suis pas grand-chose, je veux prendre conscience de tout ce que j’ai accompli, qui n’est pas rien.
Ma personnalité que j’ai fabriqué pendant ces milliers d’heures de solitude et qui maintenant appelle la lumière du jour à pleins poumons. Si je reste seul, tout ce que j’ai fabriqué tombe en miettes.
Je veux devenir, sinon libre, du moins, délivré… chaque jour un peu plus.
Je veux être moi, demain plus qu’hier, être moi, c’est à dire… cet être changeant. Continuer dans ce que j’ai commencé, c’est à dire être ni écrivain, ni artiste, ni dessinateur, ni peintre, ni musicien, ni rien de tout ça… je veux être tout et rien, être moi, que ma personnalité suffise. Fais chier les étiquettes.

Enfin, je veux faire ce que je dis, au lieu de parler dans la nuit. Marre des vains voeux. Marre d’avoir toutes ces solutions et de n’être pas en mesure de les appliquer sur moi-même.

Auparavant je chérissais les nuits car chacune était un plein trésor. Je souffrais le jour mais ce n’était rien, en comparaison à cet épanchement nocturne, cet émerveillement des premiers moments. Je me sentais heureux lorsque j’étais seul. Maintenant à force de tourments je suis moins moi-même, chaque jour m’éloignant un peu plus, jusqu’à ne plus rien y trouver, dans la solitude. Alors… Il a fallu faire des efforts immenses car j’ai voulu vivre, malgré tout. Ne supportant plus la solitude, supportant mal les présences tout à la fois, je ne vivais plus guère…je subsistais…entre deux mondes, fuyant l’un, apeuré par l’autre. A la place d’une belle terre promise j’avais eu droit à un bel enfer.

Je veux la magie renouvelée. Je veux me fondre dans la poésie sans y mourir. Retrouver ce soleil après avoir suivi ses traces. Ce rythme qui fait danser la vie, qui lui fait taper des deux pieds sur le parquet. Je souhaite aller plus loin que la vie courante, plus loin dans l’enfer, plus loin dans le paradis.