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Tu n’es pas à vendre tu n’es pas même un simple papier chiffon déposé là, sur une armoire poussiéreuse, sur une étagère sans vie. Tu n’es pas l’objet inerte, le décor de mon imagination ni le mannequin figé dans la boutique de souvenirs. Je suis un moustique, un éphémère je viens à peine de naître et je serai mort peut-être ce soir la vie est courte alors je cherche un peu ta lumière et tes mains encore car là où j’habite il n’y a pas de lueurs il n’y a pas de couleurs, je veux juste sortir un peu de ma nuit et je veux partager un peu de ta lumière avant que le soir ne retombe à nouveau et que le crépuscule ne brûle mes élytres. Je suis l’insecte que tu n’as jamais nommé et que tu gardes sous ta manche, qui ne doit pas apparaître au grand jour, mais qui ne doit s’éloigner trop loin non plus. Je parle des abandons pour mieux conjurer le sort, des oublis pour mieux me souvenir et des absences pour mieux vouloir les combler. Je suis celui qui empêche les choses de sombrer dans l’oubli. Je suis l’insecte qui a peur d’être oublié et de perdre le morceau de soleil qu’il a à peine touché, à peine respiré, à peine aperçu dans une sorte d’intermède musical. Le rêve est beau mais jamais autant que la réalité dans toutes ses gênes et dans toutes ses peurs, ses craintes, dans tous ces mots qui ne sortent pas, et choses qu’on ne voyait pas comme ça, et toutes les choses tellement plus belles. Le rêve est beau mais jamais autant que la réalité dans toute sa maladresse, dans tous ses bruits, dans tous ses mélanges et ses battements de cœur.