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On s’étonne gaillardement que la poésie n’est plus lue que par les écoliers et les autres poètes. J’écris « on s’étonne » mais les poètes donnent guère l’impression de se poser la question. Peut-être ne souhaitent t-ils plus même être aimés. Ils jouent avec le cadavre. Ils ne se préoccupent pas de parler aux gens, encore moins d’être compris par eux. Ils ont la tête dans le fameux « sucre pur » de Gombrowicz. Ce dont ils se préoccupent, c’est du panneau indicateur Poésie. La poésie peut demander un effort, mais elle doit rester lisible. Elle doit pouvoir être aimée par un enfant.
L’excuse de la poésie « Hors marché », « hors marketing », je n’y crois plus. Cette excuse est venue après sa dilapidation. C’est une justification après coup. La poésie n’est plus lue parce qu’elle a cessé de s’adresser aux gens, pour ne plus parler qu’à elle-même.