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Par-devers moi

J’ai vécu longtemps dans ce mélange bizarre d’avenir et de passé, où rien ne se produit. Je me suis d’abord pensé différent, je l’étais. J’ai voulu croire que je n’étais pas malade, je le suis. Suite à une éducation malheureuse, où la mort et l’échec sont portés en flambeaux. Où je n’étais aimé que lorsque j’étais maladif et mort. Enfant à-moitié désiré, enfant produit d’un amour crépusculaire.

Je comprends maintenant que je ne vais pas bien, et qu’une distance énorme sépare l’apparence que je donne, de mon moi. D’où le sentiment que la vie est ailleurs, que je suis en-dehors. Je le suis véritablement, je flotte sur les choses, je m’éparpille en ivresses éphémères. Je chasse le bonheur, trappeur immatériel du désir, le bonheur indistinct qui me fuit. Et quand je veux le serrer et le faire mien, je l’écrase malgré moi dans le piège à loups . Je retrouverai ma liberté derrière les prisons singulières. Je retrouverai ma liberté sous le tas de poussière de ma vie, je le jure sur mille bontés et sur milles trésors. Fini les prières, je suis seul responsable de mon devenir. Sèche tes larmes, pauvre saule-pleureur. Je parcours les rues à l’abri d’une langueur hémisphérique, je parcours en pensée les millimètres qui me séparent de la sortie du labyrinthe de la citée interdite. Flâneur, butineur de cathédrales, en plein-champ de la caméra du soleil, je suis seul loin des choses comme je me sens toujours seul loin de la comédie de la vie. Mon triste désoeuvrement, je recouvrerai la parcelle, je creuserai la terre pour trouver mes solutions. Je ferai de toutes mes maladies des flacons enivrants, je placerai la couronne végétale autour de ma tête, comme preuve matérielle que je suis bel et bien, le butineur, c’est à dire : le chasseur de butins. Je creuserai dans le mur, je retrouverai mon chemin à travers les perditions. Je ferai bien les choses. Je me remettrai à écrire, l’écriture sera ma clef nouvelle.