Engueuler l’autre à-côté qui souffre
Nous n’avons pas marché
De nuit
Pour rien
Pas pour rien
Pour ceci
Qui nous était interdit
Nous n’avons pas marché
De nuit
Pour rien
Pas pour rien
Pour ceci
Qui nous était interdit
Ce soir là j’avais prié les étoiles plus violemment que d’ordinaire. Elles ont commencé à trembler, dès lors. Je ne comprenais rien à ce rêve que j’ai continuellement tressé dans l’ombre et qui a fini par advenir, plus dense que le jour. Inconscient architecte. C’était amplement suffisant. C’est le ciel qui avait pleuré sur mon sort, ou bien était-ce moi qui débutait ma propre relève. J’avais donc prié longtemps, et cette prière ne contenait ni réclamations, ni doléances communes, seulement un long remerciement pour les choses présentes et à venir. À venir, surtout. Tant je le mérite, tant je l’ai contré, injurié, tant je l’ai hélé, travaillé qu’il a fini par fondre d’un seul coup sur ma vie. Plus beau, plus simple et réjouissant que le poème. Le voilà donc. La voilà. Et me voilà aussi.
Je l’ai pensé impossible, hors d’atteinte, vain et définitivement perdu. Comme les autres poètes ont largement fui ce qu’ils désiraient plus que toute autre chose, ils ont confondu leurs œuvres dans un vaste empêchement. Je leur ai tourné le dos. J’ai trouvé la rive. La voilà donc.
Une
succession
de
feux
verts
l’amour
Les petits démons
reviendront toujours
par la force des choses
me surprendront
nageant en plein bonheur
divaguant le long de la vie
ils sont ainsi faits
ils reviennent toujours
dansants tournoyant
pour faire venir la pluie
Patiemment demander aux étoiles
De nous accorder quelque chose
Un petit rien
Une brindille
Une allumette
De quoi faire un feu
De quoi engendrer l’incendie
J’imagine
qu’il faut s’y abandonner
allons
ça n’est rien
rien du tout
seulement
s’y abandonner
à ceci qui vient
voilà tout
Avis
Cherche être vivant
Perdu le : date inconnue
Nom : Doux et sonore
Entraperçu pour la dernière fois quelque part aux environs du jour, parmi les nuages, ou forçant le pas dans une foule rapide. Le temps d’un courant d’air, à peine, tout juste. Peut-être déboussolé.
Si trouvé, merci de ne pas me contacter, ni de contacter quiconque d’ailleurs à ce sujet, seulement le choyer comme il se doit, et l’étreindre longtemps, longtemps.
J’ai fait le tour
je n’ai rien vu
tout éclaire
Un certain goût pour les étoiles
M’empêche de tirer le rideau
Courir après les libellules
Les tintements vagues
Qui de loin sonnent comme des invitations
Courir après un front très lisse
Très blanc, sous de longs cheveux noirs
Et passer des obstacles qui n’avaient pas lieu d’être
Rachael est là de tout son poids, c’est à dire de pas grand chose. Une plume, au grand max. C’est à peine si le matelas fléchit. Il émane de chaque objet de la chambre une lueur violette, diffusée depuis la rue par les lampes au phosphore. Entre ses doigts le ventre écarlate d’une luciole est consumé lentement, des volutes s’en évadent. Elle pense y rester. Tôt ou tard, ça viendra. C’est dans l’ordre des choses. Les êtres comme elles n’ont pas été conçus pour un séjour prolongé sur la Terre. Avec son poids d’oiseau, elle finira par s’envoler. Broyée entre des mains inattentives, aimantes ou stratèges, peu importe. Elle terminera sa nuit dans les mains d’un chasseur. Le résultat sera le même. Elle rejoindra le paradis électrique. Les âmes vives autour sont nombreuses qui refusent de lui prêter vie. Elle y tient pourtant, depuis le premier jour. Sa mémoire, sans doute créée de toutes pièces. N’en va t-il pas de même pour les hommes ? Comment peuvent-ils être aussi sûrs de la véracité de leurs souvenirs ? Ils tiennent à cette certitude. Elle tient à l’existence. Non moins factice. Non moins poussiéreuse. Et non moins digne d’être vécue.
Sur un point d’équilibre. D’un côté, la cessation revendique son assise, me propose, sur son plateau d’argent, la terminaison de tout, dénuée d’embarras. C’est le confort rond de la capitulation, son appel d’air, guère résistible. C’est le lit déjà fait, où l’on peut s’affaler. C’est l’abdication, avec sa sensation consolante. Le cadeau diffus, l’odeur rance mais familière de cadavre. L’autre côté ne réclame pourtant pas plus d’efforts ni de volontés. Pour l’atteindre il suffit de pointer son attention vers lui. Il est le soi à devenir. À se faire jour. Mais il n’a pas la consolante, la lumière irisée et noire, l’attraction magnétique du premier côté. Voyez déjà comme le premier côté déteint sur le second. Je me tourne vers le second, et ce sont les sensations du premier qui continuent de faire écho en moi. Il semble que la membrane qui sépare les deux côtés ne soit perméable que dans un seul sens.
On hésite à livrer au monde nos éparpillements, nos chères et magnanimes étoiles personnelles. C’est qu’elles pourraient décamper d’un coup, en cortèges, sans un geste d’adieu. Sans mot sur le frigo, sans promesse de retour prochain, sans rien. Vexées peut-être d’avoir été livrées à de glabres embûches.
Solidement gainé dans la conque du retenu, on ne court pas grand risque, sinon de voir le prolifique devenir hésitant, l’hésitant devenir interlope un jour, quand le faisceau n’y sera plus, et quand nos petites étoiles personnelles auront terminé de se figer dans la glace. Il n’est pas bien difficile d’ouvrir en grand le cœur, pour le reste, c’est un travail de récoltes et d’offrandes. D’offrandes, surtout.
L’inerte m’assaille
Par instants
Confondus nébuleux
Je me défends avec une vaine arme
Dans le retrait
Un vivant et joueur animal loge en moi
Félicité le meut comme une faim en soi
Dans ma bedaine nul poisson ni oiseau rare
Juste un logement sûr pour sa tête d’hilare
Fier, rusé comme un sioux, rarement raisonnable
Ce farouche gourmet est sans cesse adorable
Sa moue me tient en joue, sa gorge de choucas
Jacasse à la façon d’un diable délicat
Un semblable animal a sa raison de vivre
Au pied de mon chateau, sur la page d’un livre
Quand je traque un poème il va selon mes pas
Au nuage-papier pour me servir d’appât
Ils ne se parlent plus les hommes ils s’échangent
Les hallucinations de leurs yeux éblouis
Chacun dans sa prison écope l’éboulis
Colle une oreille au mur pour quelques mots étranges
Un vagin gigantesque au ciel fait le roulis
Les haleurs interdits ont déserté la rive
Chacun tient sa lubie sa tangence naïve
Les poètes floués mutilent l’inouï
Leur silence souligne un vaste étranglement
Iront-ils comme moi dans l’excès litigieux
Malhabiles chassant un essor silencieux
Point aveugle où la Terre oscille étrangement
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