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Le mieux est encore le multi niveaux.
Vouloir plaire n’est pas nécessairement un pêché capital si on ne fait pas partie de la caste des poètes maudits, lesquels justement, étaient souvent maudits dans leur échec de plaire au plus grand nombre, et ont terminés seuls et méconnus leur carrière, malgré eux et leur envie d’être aimés par le plus grand nombre et d’être reconnus par leurs confrères.
Si l’envie de plaire au plus grand nombre n’est pas là, il est certain que ça part mal et qu’en effet, le texte ne plaira pas au plus grand nombre et à fortiori au plus petit nombre aussi, il y a des chances, mathématiquement, les petits entrants dans les grands, il n’existe d’ailleurs plus de petits nombre aujourd’hui, ou presque. De quels grands nombres parle t-on d’ailleurs ? La masse ? Elle ne lit pas de poésie, mise à part la classique, quelques contemporains si on veut à de très rares exceptions, lecteurs qui sont, pour la plupart, des écrivains eux-mêmes. Il me semble que cette absence de tentative de plaire participe à cette consanguinité généralisée des poètes lesquels, à force de ne vouloir plaire qu’aux autres poètes, ont rompu le lien qu’ils pouvaient avoir avec les ouvriers, caissières, cadres, dirigeants, marathoniens, journalistes, liseurs de bonne aventure dans les vagins, et n’ont que peu de rapport avec la vie finalement, le tout devant excessivement cérébral et ennuyeux. Les romanciers ont gardé ce rapport avec les gens, avec la vie, mieux que les poètes. N’y a-t-il pas une raison à cela ? Est-ce parce que la poésie se doit d’être un coffret noir dont on a jeté la clef dans un marais poisseux, tandis que les romans garderaient leur aura de pochette surprise, remplie de gaieté, de suspens, de vitalité, de plaisirs ?

L’avantage du multi niveaux est la capacité de plaire aux connaisseurs autant qu’à la masse, travail éminemment difficile qui demande une finesse et une profondeur certaine. C’est pourtant ce qu’ont réussi les grands poètes à travers les âges.