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Raphaël Zacharie de Izarra

 

Evidemment, il ne faudrait pas qu’il se mette à jouer l’homme de bien qui se prendrait au sérieux pour de bon. Je crois de toute manière qu’il n’est pas bête et ne tombera pas dedans. Il est allé trop loin pour effectuer un tel mouvement de machine arrière. Mais il serait possible de garder le personnage tout en dénouant un peu la torsade de porcelaine, en desserrant le collier de perles.
C’est à dire, qu’une fissure se fasse voir de temps pour que le lecteur puisse y déceler la fragilité du personnage, derrière la tenue impériale.
Sa beauté et son talent résident dans sa fragilité aussi aiguë que son personnage est fantasque, mais plus le temps passe et plus, il me semble, cette fragilité se voile, est ensevelie sous le poids de la prise au jeu.

C’est, du moins, ce que je conseillerais, modestement, au talentueux Raphaël. Arrêter de jouer au con et montrer un peu, de temps en temps, qui il est, sa condition, son humanité. S’il arrivait à faire ça, je crois que cela donnerait quelque chose de très grand, comme un nouveau sens à son travail, à ses obsessions. À vrai dire, cette phrase sera peut-être un peu sèche mais je crois que s’il ne suit pas ce conseil sensé, il n’ira pas beaucoup plus loin, dans sa poétique et sa carrière sera comme poussière sur les tapis que l’on remue parfois aux frontispices des mouvements du monde et des fluctuations littéraires virtuelles, au cimetière des fous.
Une baie vitrée donnant sur un horizon exotique, lumineux, riche et profond, mais sans sa part de nuit. Une de ces nuits où la lumière intérieure change le verre en miroir.

Cette posture l’électrise, mais aussi le limite, tout autant qu’elle étonne en premier lieu, draine la lassitude de la monotonie, sa folie, son obscénité le rendent attachant, mais les fissures hystériquement maquillées le rendent inapprochable, cristallisé, ne laissant à son lecteur aucun autre choix que celui de faire de Raphaël son jouet, ne pouvait lui dire la vérité puisque sentant, inconsciemment, l’immense détresse qui passe en filigrane sous ses mots, ayant peur de le briser, ou se disant qu’il est définitivement figé. Jusqu’au jour où quelqu’un ose lui dire au moins une part de cette vérité, ce dont, j’en suis sûr, il désire plus que tout au fond de lui-même, sous le personnage.