
Clous
et moi seul immobile dans le reflux
sur le rebord
je te regarde passer
Clous
Quelque chose d’extrêmement important manque
tu ne sais pas
L’écrivain
Un de plus. un de moins.
Asphyxiés. la poitrine compressée. par le temps. par le désastre des vivants. par l’absence considérable. par la mort du dedans. l’arrachement. le vide perpétuel d’un essentiel manquant. rêves de vie passées. d’idéals vaporeux. de visages aimants.
Il n’y a plus de voies possibles dans un monde nivelé. buter sur les nuits inhumaines. l’incoercible bruit. oubliés ou aimés le temps d’une mélodie porteuse. le temps d’un précaire embrasement. vivre et mourir. sur le rien d’avoir été.
Clous
Libre dans l’éparpillement des désastres
Libre pour mille ans
Unsichtbare Sonne
Ni la nuit ni les étoiles
Ni les sourires, ni les amoureux ni les paysages
Ni les rêves, ni les lubies, ni les chimères, ni les fantasmes, ni les élucubrations
Ni le soleil ni l’écriture, ni la réussite ni l’argent, ni l’espoir
Ni les mangroves parfumées, ni les voyages sur la mer, ni les mystères
Ni les oiseaux, ni les couleurs, ni les oreillers
Ni le bonheur ni la mort, ni la tristesse
Ni l’alcool, ni la bourse, ni la mélancolie, ni les livres
Tour à tour
Il deviendra
lac et miroir
Photographie : Edward Steichen
Clous
Adossé à la brume, tu sens le désert monter
des grains dans chaque bouche de la terre
Clous
Tout est dit
Rien n’est dit
Ce qui compte c’est la jouissance
À l’écrire
Ou le réécrire
À l’exhumer
Ou le tirer dans la terre
Clous
Être guerrier ou pitoyable
Pitoyable ou guerrier…
L’énergie réclamée est la même
Clous
sourire comme si j’étais mort. comme si. les mains dans l’eau. je pouvais les sentir. les textures. les roches. les barrières de corail. je roule toujours. dans la même pluie. dans la même avalanche. extatique. de nos lambeaux. au jour bien crû. aux fantômes. oublie.
Clous
Je passerais volontiers par la mer
mais je n’ai pas les yeux pour ça
de la poussière tout au plus
Périmètre
vivre comme tu vis. ivre de vivre. dans ton périmètre. dans ta voix. ce timbre ici-bas. dans ta bouche. dans le creux. bleu. noir. le cadran solaire. cousu de fil d’or. avec les chats. dans le ciel. ouvert dans le pôle. dans le manteau blanc. le tableau. la main du maître. pour l’enchantement. la minute. sur le bord de l’eau. saturne. pour la tiédeur. sans mouvements. écoulée. par le hublot. les heures. le temps. que le sortilège. dans la vase. et la fumée. ton portrait. sur la page. parmi les oiseaux. tour à tour. replongent. les bêtes. à cent lieux. après que la lave. avec l’orage. coula. recousu. une meute. le piano. à la forme de ton oeil. ouvert. attrapé. bruissement d’insecte. pelé. dans les os. pour la nuit. sur le dos. souvenir. abrité. tendu. parole de nerfs. en-dessous. la peau. figurine. où le rêve. contigu. se ressource. surpris. loin de la chambre. achevé. sitôt formé. en fumée. inconnu. déjà. imagine. un instant. a duré. par la fenêtre. le rideau. mouvant. invité. silencieux. persistances. par petits bouts. son histoire. obstinée. remuer. son corps. le poids. sur la terre. un moment. encore. et marcher. avec la musique. et les crampes. les pas. un à un. sur la mer. gelée. diurne. ivre. vivre comme tu.
Polaroïd : Andrei Tarkovsky
Clous
Depuis mon siège
Je ne vois pas la mer
Depuis mon siège
Je vois des silhouettes dépareillées
Des pensées éparpillées
Sur des galaxies de comptoirs
Des pays défilant
Des mondes s’évanouissant
Je n’ai pas vue sur la mer
Mais sur les hommes
Et je les vois marcher
J’attends
J’attends
car il n’y a rien d’autre à faire
la grâce
par-dessus le vide
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