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L’amour n’était pas dans son coussin, il n’était pas derrière la lampe
Ni dans le tissu du drapeau ni même dans la bouche affamée
Des poissons de Corinthe
Amour les sillons où tu es passé exhalent ton odeur, tu n’es pourtant plus ici
Le lait a coulé dans la fontaine millésimée, les mots
Ont été décapsulés trop tôt les soirs de fête
Après la fureur la pluie, après l’ivresse
Le repos des fantômes guerriers
Et les armes refroidies ne fument même plus
L’amour n’était pas dans une église ni dans les jouets
De l’enfant qui ne parle pas encore
Lorsque les piétons se changeaient en armées
Les barricades ont saigné les pierres ont troué les crânes
L’amour est passé là près de ton sang
Il t’adresse ses mots dans sa langue natale, tu les écoutes en rêvant
Musique les morts t’écoutent toujours
Depuis le refuge où la dernière étoile les a convié
Il est derrière la frontière, l’immatérielle prison
Il est dans la liqueur, dans un reflux d’amitiés
Il tombe des nues il va dans les fleuves rejoindre les royaumes
Où les cerises sont mûres et prêtes à tomber
Foule endormie dans sa lande résignée
Te rappelles-tu ton ancêtre sa mort ses larmes fécondes
Ne rebrousse pas chemin
Ne tourne pas en rond dans ta demeure synthétique
N’attend pas que les avions décollent, que la mort fasse son trou
Son trou de commerces
La vie c’est autre chose, elle est à réinventer
Elle est dans les promesses confuses que la nuit ordonne
Amour je le sais bien
Nous t’aimerions encore un peu près de nous
Dans notre cheminée
Amour
Que tes braises passent la nuit pour au matin
Etre réanimées