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Je me méfie souvent de la permissivité en ce qui concerne les « fais à la va-vite » qui mènent à tous les prétextes.
« c’est incompréhensible, abscons, écris à la va-vite mais c’est normal, parce que c’est de la poésie » de même on ne peut pas dire « c’est plein de défauts, mais c’est parce que je fais dans l’expression »

L’étiquette ne suffit jamais, de même que le fond parce que qui compte le plus en art c’est la forme. D’ailleurs, les histoires de « fonds » c’est souvent pour les bafouilleurs un prétexte à toutes les nullités. C’est le style qui porte toute oeuvre, le style c’est la pensée mise en lignes. La beauté est un savant mélange, un équilibre d’artifices et d’instincts, et c’est dans la forme que surgit la profondeur d’une oeuvre de même que l’émotion. La forme permet à un auteur de donner naissance a quelque chose qui ne lui appartient plus, c’est à dire tout ce que les lecteurs ou spectateurs veulent bien y mettre dedans.
Je crois même qu’il n’y a pas de fond en peinture comme en écriture, c’est une ineptie, un faire-valoir, il n’y a que la forme, par laquelle on aperçoit parfois une subtilité et une richesse qui prennent leur source dans un lent et long travail sur, et « dans » soi et sur la technique. Le travail ne consistant qu’à découvrir quelque chose qu’on porte déjà en soi, c’est à dire, à défricher, à élaguer le mieux possible le superflu. Bâillonner, interrompre le dialogue intérieur naturel, la part de médiocrité, de facilité que nous portons tous. Dès lors je crois qu’il est possible pour quelqu’un qui exerce ce travail sur lui-même, de changer le plomb en or, quelque soit le médium. Il est possible d’aller de l’écriture au dessin, en passant par le piano, les discussions du matin sur la pluie et le beau temps au marché, de filtrer le geste pour en laisser apparaître quelques grammes de poésie émotive. Pour cela, il suffit de se dire que nous sommes libres dans l’expression. Ce n’est pas une chose si simple à faire. Les limites, le plus souvent, on nous les inculque mais nous prenons bien soin de les entretenir et de les imposer à nous-même, à notre insu, par habitude et par peur.