Les linéaments de la poésie se sont solubilisés, ils ont été fondus dans les crépuscules, les océans, les corps, les ombres, si bien qu’on ne sait plus bien que cela signifie, la poésie. Peut-être que pour nous elle signifie quelque chose, mais pour les générations les plus récentes, c’est un lieu moribond où trônent des génies tous plus classiques et anciens les uns que les autres. Il aurait été préférable qu’elles n’y voient que du feu, cela donnerait une idée déjà de ce qu’elle est !
Le rythme me semble essentiel, sitôt qu’on élimine les dépôts qui se sont agglomérés autour de ce mot, il s’agit de musicalité, de pulsations, une chose qui va peut-être plus profondément à l’intérieur que les mots, seuls. Le rythme qui répond à « l’éternel besoin de monotonie » qui envoûte l’homme depuis qu’il a écouté les battements du cœur de la mère à travers la membrane placentaire, du fond de son silence amniotique. Le premier son de la vie est un rythme, c’est l’enchantement, la vie, la mémoire reptilienne agitée. Comment peut-on dès lors le qualifier de superficiel ? Si je voulais exprimer le fond de ma pensée, je dirais que la poésie trempe ses linéaments dans ce bain magique et sonore qu’est la rythmique, c’est sa puissance et sa fondation. Sa présence, pour reprendre ton terme. Qu’est-ce qu’une présence d’ailleurs sinon un battement ?
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