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Il y a certainement quelque chose qui n’a pas grandi en lui. Il fût bloqué dans son évolution, sans doute principalement à cause de son père qui était autoritaire voire castrateur. Sa mère « rabatteuse », poussait kafka (la proie) vers son père (le chasseur), le tout bien sûr inconsciemment au sein de ce système patriarcal.
Kafka l’a très bien compris, il a mis au jour tous ces mécanismes, lire « lettre au père » à ce sujet.
Pourtant une autre part de lui, je pense, était infiniment mature et lucide. La littérature je suppose était sa voie de salut et son instrument de compensation. Disons qu’il n’a pas tellement grandi dans le réel. Il a poussé à l’intérieur, au revers de sa peau il a construit une structure protéiforme qui était son réel (cf le terrier) depuis lequel il détricotait sa névrose, son monde c’est à dire au fond, lui-même (avec tout ce que ce « lui-même » peut comporter d’universel).
Je trouve que c’est tout à fait juste quand tu dis « ou n’a pas eu besoin » (de grandir), c’est vraiment ça. Il a pris conscience assez tôt qu’il était vain de « grandir » au sens où on l’entend ordinairement car il était frêle et sensible, et n’atteindrait jamais la puissance de son père. Sa maturité et sa puissance étaient quasi indécelables, incarnées et surtout, fondamentalement littéraire.