Voilà mille ans que je rêve. le rêve d’un autre. celui d’un animal pris au piège dans ma boîte crânienne. je cherche à lui parler parfois. un vocabulaire d’avant l’heure. un vocabulaire perdu. qui me permettrait de le lui dire. qui lui permettrait de me répondre. je lui adresse la parole. il remue. il attend la minute propice. devant la grille. à la porte. l’indigène. le veilleur. d’aplomb. échu. le voilà qui maintien le désordre. le voilà qui me pousse dans les draps sales. pour me remémorer. me désaltérer. il n’est pas loin. et je devine son souffle bien souvent. son approbation. sa volonté. son angoisse. la mienne. son amusement. il n’a que faire de mon hystérie. la mer me rentre dans le crâne. il ne demande rien que la nuit tombée. que la chute des défenses. et ces mots un à un lui passent à travers. Je n’ai rien d’autre. puisque ce monde est construit. de la base au sommet. puisque je ne peux m’en extraire. ce feu maintenu. je colle mon oreille sur son âtre. j’entends le bruit de son sang. le col de ses signaux. je l’entends couler sur le mur. se faire jour. de l’autre côté. celui où je ne peux aller. la vie semée. au versant interdit.
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