J’ai toujours imaginé qu’un enfant de dix ans pouvait écrire des lignes plus sublimes que mille écrivailleurs réunis, à l’âge magnifiquement naïf et instinctif, des poèmes qui de loin, pourraient surpasser dans leur souplesse, leur fraîcheur et dans l’intelligence de la naïveté, bon nombre d’œuvres célèbres… Je pensais à cette phrase de Lautréamont : » je veux que ma poésie puisse être lue par une jeune fille de quatorze ans « … Mais cette pensée vague a trouvé sa réalité lorsque, un soir à m’ennuyer, je cherchais un morceau de paradis perdu, je suis allé découvrir ce petit brin de femme.
Et je crois avoir déjà songé à elle, avant même de l’avoir rencontrée.
« N’oublie pas la chanson du soleil, Vassili.
Elle est dans les chemins craquelés de l’été,
dans la paille des meules,
dans le bois sec de ton armoire,
si tu sais bien l’entendre.
Elle est aussi dans le cri du criquet.
Vassili, Vassili, parce que tu as froid, ce soir,
ne nie pas le soleil. »
(Feuilles de Carnet, écrit pendant ses derniers jours, pendant l’agonie…
Vassili est un être imaginaire, qu’elle a instinctivement inventé pour l’accompagner dans ses derniers jours )
Ma première réaction, ma réaction primitive, et peut-être la plus juste, est d’avoir pris en haine l’univers entier d’avoir enlevé, dans de telles souffrances, cette âme miraculeuse.
Le soleil reprend vite les âmes qu’il a jeté sur Terre par erreur.
Un conte célèbre raconte que des fées viennent dans le ventre des mères, poser le silence sur les lèvres des enfants en gestation. Ces êtres qui avant savaient tout sur l’univers, comme les chats, n’avaient rien à apprendre, puisque la vie suffisait… devenaient un vide qu’il s’agissait maintenant de remplir.
Je pense, moi, qu’il s’est produit un accident dans la mécanique céleste, pour une raison mystérieuse, aucune fée n’est venue poser le silence sur les lèvres de Sabine Sicaud… et qu’en naissant elle savait tout. Peu importe son âge, il n’est plus question ici de précocité, quand à l’âge de neuf ans on écrit dans son carnet d’écolier :
« Vous qui lisez ,
le front penché, dans une chambre,
ne sentez-vous donc pas qu’au seuil froid de novembre
Tout ce maroquin neuf et ces parchemins d’or
Sont faits pour que, ce soir, on traduise dehors,
uniquement les strophes du platane ? »
» Les strophes du platane « , dans la digne lignée des correspondances baudelairiennes, et de la » forêt de symboles « .
Ce petit être est, pour moi, un échantillon du ciel. Pour qui sait voir, pour qui n’est pas aveuglé par son ego moisi, je pense en particulier aux auteurs de tous poils, qui se rendraient autistes instantanément, dans l’impossibilité même d’imaginer qu’une enfant de 12 ans puissent écrire des poèmes supérieurs à toutes leurs syllabes réunies, ridiculement prostrées, laborieuses, petites, à côté de ces comètes musiciennes :
(…)
« Est-elle retournée aux Bois sacrés,
Aux missels fleuris de légendes ?
Dort-elle, vieux Corot, dans les brouillards dorés ?
Dans les tiens, couleur de lavande,
Doux Puvis de Chavannes ? dans les tiens,
Peintre des Songes gris, mystérieux Carrière ?
Ou s’épanouit-elle, Henri Martin, dans ta lumière ?
Et puis, je me souviens…
Un son de flûte pur, si frais, aérien,
Parmi les accords lents et graves ; la sourdine
De bourdonnants violoncelles vous berçant
Comme un océan calme ; une cloche passant,
Un chant d’oiseau, la Musique divine,
Cette musique d’une flotte qui jouait,
Une nuit, dans le chaud silence d’une ville ;
Mozart te donnant sa grande âme, paix fragile…
Je me souviens… Mais c’est peut-être, au fond, qui sait ?
Bien plus simple… Et c’est toi qui la connais,
Sans t’en douter, vieil homme en houppelande,
Vieux berger des sentiers blonds de genêts,
Cette paix des monts solitaires et des landes,
La paix qui n’a besoin que d’un grillon pour s’exprimer.
Au loin, la lueur d’une lampe ou d’une étoile ;
Devant la porte, un peu d’air embaumé…
Comme c’est simple, vois ! Qui parlait de tes voiles
Et pourquoi tant de mots pour te décrire ? Vois,
Qu’importent les images : maison blanche,
Oasis, arc-en-ciel, angélus, bleus dimanches !
Qu’importe la façon dont chacun porte en soi,
Même sans le savoir, ton reflet qui l’apaise,
Douceur promise aux coeurs de bonne volonté…
Ah ! tant de verbes, d’adjectifs, de parenthèses !
– Moi qui la sens parfois, dans le jardin, l’été,
Si près de se laisser convaincre et de rester
Quand les hommes se taisent… »
(La Paix)
Évidemment, j’ai pensé d’abord qu’il pouvait s’agir d’une mystification. Peut-être était-ce sa mère, ou son père, qui écrivait ces lignes et qui plaçait le nom de la petite fille sous les strophes pour fabriquer une précoce notoriété. Mais la preuve en a été faîte que c’était bien elle qui écrivait ces vers, quand on lui a demandé de composer un poème, sur thème imposé, sous les yeux d’un « juge ». Et puis, quelque chose en moi me dit que l’imposture est impossible. Seule une petite fille peut écrire ces mots. Une petite fille magnifique, venue d’on ne sait où.
« Non, ne me dites pas tout haut
L’histoire des pins sur la dune
L’histoire vraie en quatre mots
Puisque je vois au clair de lune
Au clair du soleil, verte ou brune
Marcher la forêt devant moi.
Puisque c’est vrai, lorsque j’y crois… »
« Alors, si vous voulez, un livre – pas des livres –
Un seul, mais beau comme le printemps vert
L’été doré, le rouge automne grand ouvert
Plein d’oisillons bavards et de papillons ivres ! »
Mais elle n’avait pour elle, pas uniquement la force spirituelle. Elle avait aussi une faculté invraisemblable de maîtrise du rythme, du nombre et de la mathématique du vers. C’est ici que vient le miracle. En elle se mélangeaient le ciel et la terre, l’imagination et le nombre, la science et la spiritualité.
Comment imaginer qu’à cet âge, on puisse détenir une telle expérience de la vie et des choses ? une telle capacité à l’exprimer ? Avec cette profondeur, cette intelligence ?
Je crois, quant à moi, en l’immortalité de l’âme, et surtout en celle des poètes. Je crois que ces âmes peuvent, à leur gré, lorsqu’elles rencontrent un réceptacle qui leur convient, s’infuser de leur essence immatérielle, dans l’esprit, dans le cœur d’un être.
Et qu’avec elle sont peut-être nés, dans son esprit, Rimbaud, Baudelaire…
Les vies passées voyagent dans nous, écloses comme des fleurs dans le jardin intérieur.
« Mozart te donnant sa grande âme »
« Des livres…mais un ciel de Londres
Et des larmes sur les carreaux en train de fondre
Manteaux sentant le vétiver
Chats en boule, manchons, marrons l’hiver.
J’attends –comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet…
Une goutte d’eau pure, un peu de vent, qui sait ?
Qu’attendent-il ? Nous t’attendrons
Ensemble.
Le soleil leur a dit qu’il reviendrait, peut-être … »
La poésie, dernier élan spirituel, peut-être, de l’occident. Dernière chance du soleil invisible.
Ultimes traces de ce qui fait une civilisation.
Je ne crains pas l’anéantissement de mon ego, je ne crains pas de dire que ce petit bout de femme écrivait de la poésie d’une force inouïe à 15 ans, qui était au-dessus de la masse de la littérature. Cette nouvelle, même, me réjouit infiniment. Elle me comble de bonheur ! Et j’affirme, sans l’ombre d’un doute, que ceux qui ne sont pas capables de reconnaître en elle un soleil de la poésie, n’ont pas d’yeux pour voir, n’ont pas de cœur pour sentir et ne sont pas poètes.
Quand à ses lignes à la fraîcheur inépuisable vinrent s’ajouter la révolte, révolte contre sa douleur, contre la maladie, elle monta encore d’un ciel. Je crois qu’elle avait trop tôt, trop connu, trop deviné, et qu’un être qui touche la vérité, dans sa pureté doit, immanquablement, mourir. Elle était « trop », pour survivre dans ce monde qui l’aurait, je pense, détruite lentement. Alors le soleil l’a ramenée à lui hâtivement, elle a enduré en l’espace de quelques jours la souffrance morale et physique de toute une vie d’homme.
À l’âge de 14 ans sa jambe sera atteinte de gangrène suite à une mauvaise blessure, elle n’en survivra pas.
À l’aurore de la vie mais déjà, le crépuscule :
Douleur, je vous déteste
Poème écrit pour protester contre celui de la Comtesse Anna de Noailles intitulé : » L’honneur de souffrir »
« Douleur, je vous déteste, ah ! Que je vous déteste !
Souffrance, je vous hais, je vous crains, j’ai l‘horreur
De votre guet sournois, de ce frisson qui reste
Derrière vous, dans la chair, dans le cœur…
Derrière vous, parfois vous précédant
J’ai senti cette chose inexprimable, affreuse :
Une bête invisible aux minuscules dents
Qui vient comme la taupe et fouille et mord et creuse
Dans la belle santé confiante, pendant
Que l’air est bleu, le soleil calme, l’eau si fraîche !
Ah ! Honneur de souffrir ?
Souffrance aux lèvres sèches,
Souffrance laide quoiqu’on dise quelque soit
Votre déguisement, souffrance
Foudroyante ou tenace ou les deux à la fois
Moi je vous vois comme un péché, comme une offense
A l’allègre douceur de vivre, d’être sain
Parmi des fruits luisants, des feuilles vertes
Des jardins faisant signe aux fenêtres ouvertes…
De gais canards courent vers les bassins
Des pigeons nagent sur la ville, fous d’espace.
Nager, courir, lutter avec le vent qui passe,
Est-ce donc pas mon droit puisque la vie est là
Si simple en apparence…en apparence !
Faut-il être ces corps vaincus, ces esprits las
Parce qu’on vous rencontre un jour, souffrance
Pu croire à cet honneur de vous appartenir
Et dire qu’il est grand, peut-être, de souffrir ?
Grand ? Qui donc en est sûr et que m’importe !
Que m’importe le nom du mal, grand ou petit
Si je n’ai plus en moi, candide et forte
La joie au clair visage ? Il s’est menti
Il se ment à lui-même, le poète
Qui pour vous ennoblir vous chante…
Je vous hais Vous êtes lâche, injuste, criminelle, prête
Aux pires trahisons ! Je sais
Que vous serez mon ennemi infatigable
Désormais. Désormais puisqu’il ne se peut pas
Que le plus tendre parc embaume de lilas
Le plus secret chemin d’herbe folle ou de sable
Permette de vous fuir ou de vous oublier !
Chère ignorance en petit tablier
Ignorance aux pieds nus, aux bras nus, tête nue
A travers les saisons ignorance ingénue
Dont le rire tintait si haut. Mon ignorance
Celle d’Avant, quand vous m’étiez une inconnue
Qu’en a-t-on fait, qu’en faites-vous, vieille souffrance ?
Vous pardonner cela qui me change le monde ?
Je vous hais trop ! Je vous hais trop d’avoir tué
Cette petite fille blonde
Que je vois au fond d’un miroir embué…
Une autre est là, pâle, si différente !
Je ne peux pas, je ne veux pas m’habituer
À vous savoir entre nous deux, toujours présente
Sinistre Carabosse à qui les jeunes fées
Opposent vainement des pouvoirs secourables !
Il était une fois…
Il était une fois, pauvres voix étouffées !
Qui les ranimera, qui me rendra la voix
De cette source, fée entre toutes les fées
Où tous les maux sont guérissables ? »
Depuis les tout derniers retranchements de l’espoir, depuis les fondements de la souffrance, sa poésie draine une grandeur d’âme inoubliable.
« Ah ! Laissez-moi crier, crier, crier …
Crier à m’arracher la gorge !
Crier comme une bête qu’on égorge,
Comme le fer martyrisé dans une forge
Comme l’arbre mordu par les dents de la scie,
Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…
Grincer, hurler, râler. Peu me soucie
Que les gens s’en effarent. J’ai besoin
De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier.
Les gens ? Vous ne savez donc pas comme ils sont loin
Comme ils existent peu, lorsque vous supplicie
Cette douleur qui vous fait seul au monde ?
Avec elle on est seul, seul dans sa geôle
Répondre ? Non. Je n’attends pas qu’on me réponde.
Je ne sais même pas si j’appelle au secours
Si même j’ai crié, crié comme une folle
Comme un damné toute la nuit et tout le jour
Cette chose inouïe, atroce, qui vous tue
Croyez-vous qu’elle soit
Une chose possible à quoi l’on s’habitue
Cette douleur, mon Dieu, cette douleur qui tue
Avec quel art cruel de supplice chinois
Elle montait, montait à petits pas sournois
Et nul ne la voyait monter, pas même toi
Confiante santé, ma santé méconnue
C’est vers toi que je crie, ah c’est vers toi, vers toi !
Pourquoi, si tu m’entends n’être pas revenue ?
Pourquoi me laisser tant souffrir, dis-moi pourquoi
Ou si c’est ta revanche et parce qu’autrefois
Jamais, simple santé, je ne pensais à toi ? »
Dans la souffrance et la mort, c’est l’amour et la vie qu’elle a choisi.
« Amour, mon cher amour, je te sais près de moi
Avec ton beau visage.
Si tu changes de nom, d’accent, de cœur et d’âge
Ton visage du moins ne me trompera pas.
Les yeux de ton visage, amour, ont près de moi
La clarté patiente des étoiles,
De la nuit, de la mer, des îles sans escales.
Je ne crains rien si tu m’as reconnue
Mon amour, de bien loin, pour toi je suis venue.
Peut-être . Et nous irons Dieu sait où maintenant ?
Depuis quand cherchais-tu mon ombre évanouie ?
Quand t’avais-je perdue ? Dans quelle vie ?
Et qu’oserait le ciel contre nous maintenant ? »
(Le chemin de l’amour)
Elle est une promesse en laquelle je crois.
Elle avait son âge pour elle afin de ne pas chercher, mais trouver, dans la pleine spontanéité de l’enfance. C’est avec le temps, quand petit à petit on n’écrit plus mais on se regarde écrire, que nous perdons l’unité et toute la vie féconde de notre écriture. Quand les meilleurs auteurs, habituellement, effectuent un mouvement arrière pour tenter de retrouver cette vitalité des premiers âges, ce regard neuf sur le monde, Sabine Sicaud, quant à elle, n’avait pas à rechercher bien loin, elle était l’enfance.
Elle était l’enfance non pas qui se cherche, mais qui écrit. Et qui avance. À une vitesse fulgurante. Quand elle avance c’est le monde qui semble reculer.
Elle avait des choses à dire et les quelques pages qu’elle nous laisse en disent plus long sur l’humanité et sa condition que tout un traité philosophique ou historique.
Si elle a utilisé le vers, elle ne s’est pas laissé utilisée par lui.
De la même manière qu’il y a le peintre qui va chercher le paysage, et celui qui laisse le paysage venir à lui, Sabine Sicaud ne se soumettait pas à la forme, c’est la forme qui se soumettait à ses élans.
« Ne pas se rappeler en suivant ce chemin…
Ne pas se rappeler… Je te donnais la main.
Nos pas étaient semblables,
Nos ombres s’accordaient devant nous sur le sable,
Nous regardions très loin ou tout près, simplement.
L’air sentait ce qu’il sent en ce moment.
Le vent ne venait pas de l’Océan. De là
Ni d’ailleurs. Pas de vent. Pas de nuage. Un pin
Dont le jumeau fut coupé dans le temps
Etait seul. Nous parlions ou nous ne parlions pas.
Nous passions, mais si sûrs de la belle heure stable !
Ne te retourne pas sur le chemin de sable. »
(Le chemin de sable)
Grâce à elle je sais désormais que l’innocence est la seule force incompressible. Capable de renverser vingt mille littérateurs dans leur fatuité, dans leur vacuité. Quant à cette innocence s’ajoute la maîtrise, on touche à la poésie. Je veux dire, la poésie mise là, dans nos mains, comme une beauté intemporelle qui prend corps. En quelques pages, nous voyons toute condensée là, sa brève mais sublime expérience de la vie et du monde.
« Tu te chaufferas au feu du paysan
– Je me chaufferai au feu du paysan.
Tu auras de vieilles lampes à pétrole ?
– Je les aurai.
– Un jardin de curé ?
– Un jardin de curé.
– Et un pot de basilic ?
– Et deux pots de basilic.
– Et ta pitié pour moi et ma pitié pour toi.
– Ne parle pas d’absence, toi qui ne sais pas.
Mets seulement ta joue contre la mienne.
As-tu jamais interrogé la porte qui doit s’ouvrir pour le retour
Et désespéré ?
As-tu jamais au petit jour songé qu’on pourrait
Ne plus se revoir peut-être et imaginé ?
Serre-moi plus fort.
Nos deux ombres séparées, que deviendraient-elles ? »
(Feuilles de Carnet)
Ne ressemble t-elle pas étrangement à cette « femme à la perle », peinte par Corot ?
Peintre dont elle nous parle dans son poème « La paix ». Regardez les yeux…
Sa poésie, née à la fois dans l’aurore et le crépuscule de la vie, donne cette couleur inouïe. Cette intemporalité.
Et quand la révolte contre la mort s’est ajoutée à cela, il ne s’agissait déjà plus de littérature.
Aux médecins qui viennent me voir
« Je ne peux plus, je ne peux plus, vous voyez bien…
C’est tout ce que je puis.
Et vous me regardez et vous ne faites rien.
Vous dites que je peux, vous dites – aujourd’hui
Comme il y a des jours et des jours – que l’on doit
Lutter quand même et vous ne savez pas
Que j’ai donné toute ma pauvre force, moi,
Tout mon pauvre courage et que j’ai dans mes bras
Tous mes efforts cassés, tous mes efforts trompés
Qui pèsent tant, si vous saviez !
Pourquoi ne pas comprendre ? Au bois des oliviers
Jésus de Nazareth pleurait, enveloppé
D’une moins lourde nuit que celle où je descends.
Il fait noir. Tout est laid, misérable, écœurant Sinistre…
Vainement, vous tentez en passant
Un absurde sourire auquel nul ne se prend.
C’est d’un geste raté, d’une voix sonnant faux
Que vous me promettez un secours pour demain.
Demain ! C’est à présent, tout de suite, qu’il faut
Une main secourable dans ma main.
Je suis à bout…
C’est tout ce que je peux souffrir, c’est tout.
Je ne peux plus, je ne crois plus, n’espère plus.
Vous n’avez pas voulu
Pas su comprendre, sans pitié
Vous me laissez souffrir ma souffrance… Au moins
Faites-moi donc mourir comme on est foudroyé
D’un seul coup de couteau, d’un coup de poing
Ou d’un de ces poisons de fakir, vert et or,
Qui vous endorment pour toujours, comme on s’endort
Quand on a tant souffert, tant souffert jour et nuit
Que rien ne compte plus que l’oubli, rien que lui… »
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