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J’écris pour moi. Pour moi seul. Je n’ai plus l’espoir de faire partie du monde. Je n’ai plus l’espoir non plus de me faire un nom.

Je n’ai pas l’envie d’aller vers ce que d’autres nomment prétentieusement et naïvement l’existence. Je souhaite perdre mon esprit. Je souhaite perdre mon esprit. Pour mon corps, cela viendra plus tard. Je veux me défaire. tant pis si on ne me comprend plus. je ne me comprends plus moi-même, si ça peut rassurer. rassurer qui, au fait ? Je veux être libéré de tout ça. Peu m’importe si on m’écoute ou si l’on se penche sur mon sort. je ne cherche pas le paradis, je n’en ai pas la prétention. je ne cherche pas non plus à être heureux, c’est aussi une prétention idiote. Ce que je veux, c’est être en accord. Rien de plus. Seulement cela. Si simple, si immense, si peu concevable. En accord. Je ne poursuis pas l’existence, car cette existence digne de ce nom est déjà en moi. Elle s’est soulevée à mesure que sombraient mes rêves. Il en va de même de mon amour. Il n’est jamais si fort que lorsque j’ai peur de le perdre. C’est tout. Je veux perdre mon chemin, ou plutôt ce chemin que d’autres ont conduit jusque sous mes pieds. Aller visiter la clairière, le coin sombre. Jamais je ne pourrai anéantir complètement le diktat. Il s’est infiltré définitivement en moi à un âge où je n’étais pas en mesure d’en comprendre la portée trompeuse. Je ne veux pas la poésie, je n’y crois plus. je ne veux pas non plus le soleil car le seul vrai soleil n’est pas visible. je veux m’éteindre, sous une épaisse couche de cendre, pour qu’une partie de moi qui ne m’appartient pas meurt aussi. en gardant quelque part, profondément, un fragile soupire, une graine qui assurera ma renaissance. Je ne veux rien de ce monde, rien d’autre que quelques sons, quelques souvenirs vivaces de moments constellés, incrustés de pierres précieuses. Le seul monde où j’ai vécu est quelque part au fond de moi et je l’emporterai pour le faire vivre, d’une autre manière, dans un autre monde.