Sélectionner une page

Quelque chose m’a tué assez tôt dans la vie, et les événements qui sont apparu par la suite n’ont fait que m’achever. Jamais je ne me suis senti aussi près de la mort. Ce qui est vrai, bien sur, selon toute logique, je n’en ai jamais été aussi proche puisque chaque minute qui s’abat me rapproche d’elle.
Jamais aussi je ne l’ai ressenti avec autant de quiétude.
Je la désire, je la hèle. Je me rends compte que je l’ai toujours désiré, ceci n’a pas toujours été clair en moi mais avec le temps qui avance, le brouillard s’atténue et je m’en rends compte désormais. Voilà pourquoi je me suis toujours tenu a l’écart, voilà pourquoi j’ai toujours été différent. J’ai depuis longtemps déjà un pied dans la tombe. Quelque chose qui m’éloigne des choses et des gens.
Je n’ai jamais eu le sentiment de faire partie de ce monde. Jamais. Je ne me suis jamais senti chez moi. Nulle part. Dans une peau d’emprunt. Pour une visite transitoire. J’ai trop conscience de l’essence éphémère de toute chose, je regarde le monde de loin, en sachant que tout cela est, sinon une illusion, du moins un feu de paille. Moi même j’ai conscience d’être fait de cendre, d’être une poussière emportée au grès du vent de-ci, de-là. Comme tous.

J’ai tellement conscience de cela que les désirs habituels des hommes sont bien loin de moi. La réussite, vouloir faire ses preuves… Je n’ai pas comme point de repère le commun admis, tout cela m est complètement indifférent. Il me semble avoir déjà vécu. Je suis sans avenir. Je n’ai de plaisirs ni dans l’homme, ni dans les jouissances matérielles de la consommation. Mes amis sont généralement envieux, se comparent, veulent faire leur preuve ou dépensent une grande partie de leur énergie à justifier leur existence. Et les autres ont disparu. Le passé est éteint, le présent se voile et la mort m appelle.