Ce que charrient les mots ?
Ce que charrient les mots ?
Je ne sais pas
-Ma pensée est ailleurs-
Ce que charrient les mots ?
Je ne sais pas
-Ma pensée est ailleurs-
Pourquoi être saisi
Si tu peux passer dans l’onde
Sans nom sur le chemin
Je me ressource à l’orfèvrerie des comptines lugubres
Je bois le son du monde, étrange liqueur
Je me baigne à la ritournelle d’une papilleuse vengeresse
Mystérieuse hémiplégie
Une goutte d’alcool, puis deux pour remplir la mer intérieure
Avec un iceberg cathédralisé dans sa réjouissance impie
Je tends mon coeur à ce vent pâlissant qui tient son fouet entre ses mains
Avec mon âme en corolle dans une paume fébrile, en proie à sa nuit de paupières mouillées
Se promener dans la chambre des possibles
Sur la commode où attend la clef des champs
Préparer ses valises pour un voyage vertical
La lumière a t-elle une odeur particulière ?
J’ai rêvé ma vie jusqu’à ce que le rêve s’écroule. L’illusion envolée, avec sa constellation de promesses, je me retrouve seul, avec devant moi un mur lugubre.
Je suis seul dans un puits.
Je tâte le mur et je cherche ma voie. Ma voix.
Je me suis longtemps imaginé le futur, jusqu’à ce que, un matin, je me rendis compte que tout cela n’était que perditions, imaginations.
Je suis perdu.
Comme si j’étais parti sans vivres. Sans vivre. Sur mon radeau de pacotille pour traverser l’océan.
Tenace cloison. J’ai espéré longtemps.
J’ai longtemps voulu attirer les yeux vers moi. Maintenant je veux qu’ils s’en retournent.
Je veux être seul tout au fond de ma grotte, comme si je pouvais, depuis ma solitude, trouver la clef de tous les trésors. Et toutes les solutions.
Je tâte le mur et je cherche dans la pierre un visage aux reliefs qui me ressemblent.
Je suis seul tout au fond de mon puits innommable.
Tout n’était que mirage, vertige. Vestiges.
Je palpe la nuit pour y trouver mon horizon. Ce qui me ressemble.
Je me cherche, moi, car je ne m’y retrouve plus.
Voyage insensé.
Tous ces rêves se sont évadés me laissant seul prisonnier.
Je ne me sens pas libre.
Je vois la frontière reculer à mesure que j’avance.
Mes ténèbres intérieures, ma chambre close. Cette noirceur pose un voile sur toutes les choses.
Je suis seul dans un puits tout au fond de mon jardin intérieur et sans vie. Recroquevillé.
Inutile et vain, vieux papier oublié, vieux journal dont on attend plus de nouvelles.
Les courants m’éloignent de tous les rivages.
Je suis l’astre qui se gâche, discret. Qui ne retrouve plus les rayons.
Je suis celui qui a perdu les clefs de la réalité.
J’erre, une capitulation après l’autre.
Jusqu’à ce qu’un voile de nuit lève son empire.
Comme je ne sais plus parler, je rêve tout haut.
Je suis celui qu’on distingue mais qu’on ne voit pas.
Le tableau, autrefois coloré, plein de formules mathématiques absconses.
À mon âge, je suis un enfant médusé
À 12 mètres sous le terre. Brûlé.
Celui qui a repoussé tous les trésors du monde pour n’en garder que la poussière.
Promesse close des mélopées diffuses.
Je suis le chanteur fatigué d’entendre sa voix. Qui tourne en rond sans retrouver le fil.
Je me regarde dévivre, endormi au fond de mon puits.
L’oeil attaché au dérisoire.
Un héron parfois se poste au-dessus de moi, symbole d’un souvenir.
J’aimerais me faire réellement prisonnier
Et me faire un nom parmi les oubliés
Je suis celui qui, à force de regarder le soleil, a vu son horizon s’embraser.
Les visions changeantes, lentement, en vagues replis nébuleux.
Je suis celui qui, au départ du marathon, est parti dans le sens contraire de la foule.
Je devrais peut-être le dire et en faire quelque chose.
En faire un livre
Parler de moi comme le font tous les nébuleux
Les astrophysiciens ratés
Dont l’oeil, retourné en eux-même s’imaginent faire d’une nuit noire
Un espace coloré et lumineux
Et ne captent les fréquences du monde qu’à intervalles irréguliers.
Entre deux coups de folie
Je suis le fou qui erre dans sa quête anachronique.
Etre du côté des oubliés, tout un art de vivre
Je ne veux pas réussir
Je veux être ce soleil déclinant
Au-dessus de mon horizon orange. Crépusculaire.
Mais mon horizon à moi.
Ceux qui me comprendront seront avec moi
Que ceux qui ne me comprennent pas aillent voir ailleurs
Tout ce que je peux dire, c’est je ne sais plus
Je ne sais plus.
Un sens puis l’autre, dans l’arrière-cours, où crie la radio. Un périmètre.
Chez moi on a toujours deviné, toujours. On n’a jamais rien vu. Je suis la promesse du feu d’artifices, l’or factice sur pattes, le noceur qui n’a jamais connu le nuit.
L’homme est bien ennuyé, celui qui perd son mirage…
– Que veux-tu dire ?
– Je dis que celui-là pour qui tout est vain, les épluchures des oranges, les peines, les heures qui battent le rappel du temps
– Et ?
Un être, puis deux, qui passent.
C’est ici que je ne suis pas.
J’ai allumé mille brasiers nocturnes, croyant illuminer le ciel noir.
J’ai tout donné, trop tôt.
La moitié assourdie d’un rêve.
Peut-être.
Vague luisance au creux des choses, plaine des enfants sales. Recouvrements.
J’ai eu une illumination
J’ai découvert que j’étais spectateur de cette vie
A chaque seconde
Je voyais toutes ces choses, oubliant
Qu’elles étaient aussi faîtes pour moi
Que j’y avais droit
Que je n’étais pas voué
A la vie clandestine perpétuelle
Prisonnier
Délivrance
Nous en avons connu des nuits orageuses.
Un matin le vent frais soufflera sur nous. Nous serons ensemble. Nous ne serons plus tourmentés.
L’homme qui marche, lorsqu’il se prend un pigeon dans la gueule, fait comme si de rien n’était, si ce n’est ce léger frisson qui parcourt sa nuque, sensibilisée par un million d’étreintes.
Quoi ? on a joué au bilboquet avec mon coeur…
– Comment ?
– La vie, plutôt que le néant, te rends-tu compte ?
– Je te laisse, je dois surveiller les raviolis…
– Je brûle au fond de moi, il y a tant de choses qui fuient, et tant de choses qui me renversent !
– Attends une minute, le téléphone sonne, c’est peut-être important…
– Tu n’aimes plus, ton coeur ne s’envole plus, tu ne regardes plus de l’autre côté, tu ne franchis plus la frontière !
– Est-ce que tu as l’heure ? À 20h50 il y a un film avec Alain Delon sur France 2, je voudrais pas le rater.
– Et les chats ! Les hérissons, les macareux moines, ces peuples innombrables qui constellent la sphère qui nous loge, cette chance est sans prix. Surprise d’être ici !
Je n’ai pas traversé
Le pont
Je n’ai pas fait un pas
C’est très bien, c’est là-bas
Que ça se passe
Au fond
Je n’ai pas traversé
L’impasse
Quel con
Il faut mentir m’avais tu dis il faut laisser mentir et laisser croire
Et laisser le vrai là, le tenir au-dedans ne pas le laisser fuir.
La scène se déroulait dans le métro parisien
Station Montparnasse-Bienvenue à l’heure de pointe
Je cuvais mon horreur de la masse humaine
Entre un touriste qui ne ressemble à rien et les autres choses absurdes et innommables
Qui encombrent ma vie
Pas un ciel multicolore dans ce champ de coléoptères
Assoiffé d’un peu de différent je traînais mes yeux
Il nous faut le désert pour commencer à voir les mirages
Au sein de l’horreur la moindre étincelle prend des allures de soleil
Ainsi je l’ai vu cette femme apparaître en tailleur noir
Réminiscence d’une ancienne allure anéantie par les modes américaines
Une beauté épanouie en temps réel sous mes yeux qui faisait figure d’héroïne
Elle était brune les yeux bleus la peau très blanche sûrement la conjecture que je préfère
Je vais l’appeler Céline mais je ne connais pas son nom, c’est le premier qui me vient mais c’est elle
C’est elle Céline c’est son vrai nom si elle en a un autre en étiquette c’est que ses parents se sont trompés
Après tout quelle importance, je ne la reverrai pas
Ou plutôt si je vais la revoir ici même dans mon poème et la fixer pour toujours
On a parfois dans les fourmilières quelques fourmis ailées
Qui ont le droit, elles, d’aller goûter au bleu du ciel au vent frais somptueuse
Pendant que moi je me débats dans le trou à rats immense
Elle a rayonné sur moi la promesse d’un bonheur qui a duré toute la journée peut-être plus
Elle n’en a pas idée inconsciente qu’elle était de m’émerveiller moi
Elle ne saura jamais que j’existe, je lui écris un poème
Faut laisser les détails aux gens amoureux de la vente au détail
Et la langue tricote des étoiles
La poésie
Elle y est dans son préambule la fameuse, où le théâtre mâche sa représentation
Avant-coureuse toujours prise au dépourvu, toutes mines dehors à ne plus savoir quoi raconter
Faudrait peut-être laisser ici-bas les choses d’ici-bas
Et le soulever dans son ciel, qu’il soit le notre, ou celui d’un autre…
Bousculer un peu le tout, tirer sur les chevaux de bois pour en découdre avec le bac à sable
On bave à l’écran avec quelque part dans nos gênes primitifs le souvenir ADN du mollusque
Puisqu’on est venu par la mer, paraît-il…On y retourne
On bave à l’ennui, à la monotonie cyclique des frétillements climatisés
A se frotter le dos au paillasson qui gratouille
On ne sort pas de la monotonie…et on rate ce qui vaut la peine d’être tenté
Dans le bleu du vacech, pour pas une puce d’oxymoctet
Le travail incessant à trifouiller le mot comme un jouet qu’on désarticule
Les jérémiades et les moi-je-souffre, à la cuvette
Les non-sens, les hystéries infécondes, les coups de palmes dans les flaques d’huile, pareil
J’en ai assez fait je crois, j’ai donné ma dose pour ma part
De l’océan à la plage, de la plage aux montagnes nuageuses, des montagnes jusqu’au désastre, puis du désastre à la mer
Mais faut faire des efforts pour la trouver sa petite languette sous-marine, un travail monstre peut-être
Les fainéants n’arriveront à rien, ceux qui ne vont pas au-devant d’eux-mêmes
Ceux qui se laissent aller à la première occasion les petits pleurnichards, les cosettes à la voix délactée
C’est en arrêtant de tourner autour de soi comme des mouches autour d’un cadavre qu’on finit par la trouver sa petite langue
On pousse les petits cris des gens comme des piaulis taillés dans le nerf
Faut pas se laisser aller au premier mot qui nous vient, toujours l’envoyer paître
Comme les moutons à l’abri là-bas dans leurs tics cérébraux à mâchouiller des marguerites mortes
Ses petites douleurs on les range au placard, s’en servir comme matière première à la limite
Mais on ne le montre pas ça ah non je ne donnerai plus dans le bourre-mou
J’ai rangé mes foutaises à leur place au sanctuaire
Je me suis rangé sous le drapeau de la pudeur
On passe à autre chose et là on y arrive vraiment, à la chose qu’on cherchait avant
Quand on n’y met plus sa prétention et son petit nombril de pacotille
Toutes mes doléances à l’idiot que j’étais hier, qui tournait sans cesse autour de la même crotte…
Une couronne de fleurs pour ce qui viendra ensuite
Il faut arriver-là où on en dégoûte les imbéciles d’écrire…c’est à ça qu’on voit la chose
Quand ils râlent qu’on les bouscule de leur petit confort et se lamentent dans leur nullité comme ils pataugent dans leur crasse incohérente
Les faire froncer le sourcil grincer des dents, transpirer dans leur erreur, à ne plus s’en remettre
Leur dire à la niche ils adorent ça, ça les éclaircit ça leur fait des repères, un abri
Les écrivailleurs c’est tout un tas d’enfants en manque de repères qui attendent la grande fessée
Qui ne savent plus par quel bout s’y prendre entre le surréalisme et l’ombilic du mollusque
Quand on écrit sans mythe on commence à discourir, à tourner autour du pot sans s’affranchir de rien
Quand on ne sait plus pourquoi on tisse des lignes on tombe inévitablement dans le petit nombril mielleux
On peut partir à la chasse au paradis c’est un but valable, ou attraper des plumes dans les airs avec des pinces à épiler
Mais avant tout on cherche une esthétique, une musique
Ou alors on ne cherche rien du tout
Et on paît comme un mouton dans un champ de trèfles
Faut savoir où on va, quel train on a pris, pour quelle gare, quelle histoire on raconte, au millimètre
Ils sont dans leur nid à attendre qu’un orage les en déloge, ils attendent qu’on leur dise c’est possible
On peut s’extraire des arrières-cours, abandonner les loges, s’y mettre sur le plancher de la scène
L’émotion est toute-là dans les chiffres, c’est une mathématique
Comme un tendre effort
C’est au milieu du chaos qu’on décrit le mieux la sérénité.
Tout ça, toutes ces saloperies, c’est humain après tout, non.
Si on avait le choix, entre garder le silence et parler…
On ne choisirait aucun des deux ou peut-être même les deux à la fois.
À creuser sans cesse dans sa lucidité on arrive au fond des choses où tout est vain.
Je suis absolument, résolument du bon côté, je le sais.
J’espère toujours qu’on va me donner tort, je déteste avoir raison.
En disant ça j’espère passer pour un type bien et généreux.
Il faut en avoir vécu des choses cruelles pour tenter d’être soi-même avant de mourir juste un peu une minute peut-être.
La folie est peut-être un état normal dans un monde qui ne l’est pas. Il reste toujours une consolation, quelque part.
J’aime aller jusqu’au bout de ma folie et en sortir indemne. Peut-être même en sortir plus vierge encore. Parce que ce n’est qu’un jeu finalement.
Peut-être que pour s’affranchir il faut d’abord succomber à l’obéissance.
Juste après le désespoir on peut trouver un peu d’aurore.
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