Très tôt, j’avais pris le parti de la souffrance, comme une étincelle de vie, comme un multiplicateur de plaisirs. Je crois, maintenant que les choses sont passées, regretter de ne pas m’être abandonné à elle plus longuement. Je ne suis pas suffisamment docile. Au fond de cette toile d’apparences, je me dit que j’étais peut-être le seul à avoir pensé à elle. Elle le savait. Les autres l’ont déjà relégué dans l’abîme de l’oubli. Ce qu’elle ne savait pas, en revanche, c’est que j’écrirai un texte sur elle ce qui, probablement, n’est pas arrivé très souvent. Nadia. Car elle est excessivement banale. Banale jusqu’à l’improbable. Et ce que je vois, si je m’avance un peu au-delà de ce large écran des apparences, c’est la jouissance étincelante des douleurs, des tentatives d’exister, toute cette portée tragique dont elle n’a qu’une idée vague, la vie. La vie dans ses fondements, simplifiée comme un grand tableau bleu de Miro, avec une petite forme rouge dans un coin, perdue dans un beau ciel. C’est elle, le petit cerf-volant errant, avec son coeur rouge abandonné au fond du paradis immaculé, son immense naïveté.
Commentaires récents