J’aime la pluie, pour son bercement amniotique
pour ce balancement métronomique et lent, pour sa multitude
et pendant cette pluie, dans le déclin du jour, je lisais
Tombant dans ce livre sur une pensée qui faisait naître
d’elle-même en moi
l’espace nécéssaire à son éclosion
Je relâchais mon regard et le laissait se perdre
sur les murs, les angles, les fenêtres
Je m’arrêtais un moment
Une forme inhabituelle, sous la fenêtre, attirait mon regard
C’était le papillon, le même, immobile
Je le pensais disparu, il était près de moi
Attendait-il la fin de l’orage pour reprendre sa course, la fin du livre
La fin de sa courte vie ?
C’était un simple papillon
Pourtant, inaltéré par la raison, un plaisir obscur, un contentement
remontait et tintait innocemment dans mon être
Le voici, en vie, en réfugié qui me donnait des nouvelles du ciel et des orages
Autant de preuves amoncelées que la vie court toujours
Lui qui avait ajouté sa part infime
à la continuité de l’ordre des choses
à la mise au jour de la lente métamorphose des imprévus, des miracles
en rituels naissants
plus subtils, insaisissables et rares que les levers de lune
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