L’imaginaire, excité par la carence à combler par le vide à remplir
du plus petit et du plus informe des sons, produit une mélodie
et la mêle aux désirs, la raison rendue silencieuse par la monotonie
le calme des objets et des fleurs qui nous environnent pénètrent
et le parfum doucement amer se fraie un chemin laisse germer
dans mon souvenir la pensée d’une femme dont l’ombre
aromatique serait déjà parmi les buissons et les ronces
près de ma main, près de la lisière passerait dans ses cheveux, allègrement
dans le jardin et remplirait l’espace qui sépare mes yeux de la lune naissante je tâtais
alors dans ma poche ma montre afin de ne pas laisser le temps s’envoler sans moi
trop vite et trop loin, on s’invente des vies, des relations d’ordres variés je tourne
depuis, dans le sens inverse des aiguilles du monde
pour y retrouver ma demeure, celle qu’on appelle l’oubli parfois en frissonnant
dans le froid et dans le brouillard, et les féeries
dans les pensées et les étincelles sous les paupières je m’endormirai en oubliant
que peut-être sous cette main bat mon cœur et des tas de vieux papiers froissés
à l’encre noyée, mes clefs, quelques feuilles tombées avec l’automne, emportées hier.
De la neige
une suite de causes et de peines perdues, un alignement perpétuel
de plaisirs et de décadences, le tout tressé par les voix qui nous sont chères,
par les odeurs de la peau, de la sueur, des rues, de la terre,
de la nuit voici mon amour, tu vois les fantômes pleurent aussi
quand je m’assois sur un banc discrètement, que suis-je devenu ? ma vie
comme un grand oiseau noir qui me faisait de l’ombre pour toute une éternité
fabriquant tout autant de la lumière
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