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Dieu moqueur

La nuit je prie le Dieu moqueur De m’accorder émergence Nuit tout entière passée Paume contre paume à verser Prières sans syntaxes Requêtes sans retenue Dans les nappes de fumée Je tire une croix sur le signe Et prie Pour que s’exauce un vœu...

Un grand rosier

Je guette et je chasse la nuit, une bête à travers les bois nus, elle me tance, me nargue, je feins de l’ignorer, pour mettre à l’épreuve sa méticulosité. La prise sera sans doute l’aboutissement de ces milliers de rêves assujettis. J’ai frayé...

Chasses Fructueuses

Le chat fixe quelque chose L’inconnu, la nouveauté Pour lui subsiste toujours Dans cette somme d’éléments mouvants et sonores Quelques potentiels de chasses fructueuses

Le soir, je convie l’euphorie à ma table

Le soir, je convie l’euphorie à ma table de travail, dresse le couvert, déploie les stratégies. J’exerce des dialectes mystérieux dans le but avoué de soulever son intérêt, de la soustraire à son inattention. J’arrive à l’heure dite, la maison...

Surtout seul

Une fine membrane me sépare d’une chose que j’ignore, et c’est avec une éphémère et lente euphorie que je vais à sa rencontre. Cela m’a semblé briller l’espace d’un instant. Pulsar milliseconde. C’est tout. Ça n’est pas...

Le risque étant

Nous avons pour habitude de miner l’émerveillement, sitôt pris au piège, bord à bord entre deux nuages, tout prêt de convoler avec les nébuleuses, quitte à ne jamais nous en départir, le risque étant.

Mémoire lisse

J’ai la mémoire lisse, au lieu qu’elle soit dentelée, et c’est tout juste si elle est en mesure d’accrocher quelques nuages poreux

Clous

Au réveil J’étais dénué de bornes

Fainéantise

Sensation d’un univers entier engoncé à l’intérieur. Ma gorge est un barrage, sur le point de fléchir, mais qui ne fléchit jamais. J’ouvre quelques vannes qui ne puisent pas précisément là où se trouve le sac amniotique, que je manque de percer....

À La Volée

En avant, marche ! vers le sublime. Ils nous trouveront demain matin, enlacés dans les hautes herbes, tes cheveux débordant sur ma tête à-demi chauve, ta main sur ma bedaine ursine. Je t’embrasserai à la volée, voie-lactée.

Idée folle

C’est une idée folle que celle de vouloir être aimé par ses pairs, de s’y suffire, plutôt que par les gens dits ordinaires.

Antoine Emaz

À mes yeux on est dans le « sucre pur » dénoncé par Gombrowicz. Les écrits sont saturés de ces termes bien placés sur le marché boursier de la poésie à savoir corps, peau, paysage, mots, herbe… (Non pas que ces termes soient « interdits » mais en...

Karitas

Le retors buté rongeant son frein frémit        Dans l’air frais du soir Le sourd à l’aurore s’auréole d’horizons rayés        Le matin est clair et beau L’insensible...

Post-mortem

On s’étonne gaillardement que la poésie n’est plus lue que par les écoliers et les autres poètes. J’écris « on s’étonne » mais les poètes donnent guère l’impression de se poser la question. Peut-être ne souhaitent t-ils plus même être...

Varappeur

Quelques marches de plus et j’étais sur le point de nuire au néant. Le jour est pourtant bien levé, je me suis levé avec lui comme à l’accoutumée, accompagné d’une douleur dorsale légère. Ne pas prendre le temps de musarder à la fenêtre, monter...