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Souvent je fais table rase sans pour autant perdre les choses et les gens. Dans un geste positif, non pas dans le but de tout effacer pour repartir à zéro, mais seulement pour faire les choses différement avec ma vie. Renaître au monde. La vie est courte, les instants aussitôt nés se muent en souvenirs, les plus belles minutes sombrent doucement sous le poids des jours. il me prend l’envie parfois de retrouver les gens perdus, les gens que j’ai quitté pour des raisons que l’on explique pas, sinon par le fait qu’on se pense plus importants que nous ne le sommes, toujours. Voilà la clef, nous préférons si souvent le malheur et la solitude, plutôt que de « perdre la face » ou de paraître faible, fragile, ce fantasme idiot, voire dangereux, creuset de la véritable mort dans le coeur des gens, cadavre qu’ils portent en eux-même. Nous ne sommes tellement rien, nous sommes si peu, un cri à peine audible dans l’univers, la moitié d’un grain de sable au milieu des étoiles, nous ne sommes rien et pourtant. Tout ce que l’on a ce sont ces corps, ces voix, ces odeurs, ces sensations, ces atmosphères, les amis, les amours que l’on rencontre le long des jours. Il faut avoir du coeur. Il faut avoir du courage, toujours. Dans le doute, dans la souffrance, la douleur ou l’égarement, il faut tendre la main, il faut oser, il faut montrer ce que l’on ressent, ce que nous sommes. C’est tout. Je suis encore capable de cela, je le sais, j’ai gardé cette part de moi qui ne me fera jamais défaut, car c’est ce que je suis finalement, quelqu’un qui n’est pas grand-chose malgré tout mais qui ne perd pas espoir, quelqu’un qui ne veut pas perdre sa force. Je n’ai pas peur de la mort car je sais au fond de moi que j’ai mérité la mort et la mort, elle se mérite, voilà tout. J’ai encore des choses à dire, j’ai encore des choses à faire, des gens à rencontrer, des gens à illuminer, je suis là pour ça d’une certaine façon et grâce aux quelques talents que j’ai encore, je crois.
Une lumière aussi faible soit-elle dans l’obscurité, prend les proportions d’un soleil pour la nuée de papillons.
Je suis sans doute un clochard, un égaré, un rêveur inutile. Un type dont personne ne veut. C’est peut-être ça la lucidité, la vérité. Je le sais. Mais que m’importe ce que le nombre pense de moi, ou ignore de moi, si le seul regard qui compte à mes yeux est celui du ciel ? Que pense le ciel de moi, n’est-ce infiniment plus important, n’est-ce pas la seule question essentielle ?

Les regrets, les rancoeurs sont si minces, si fragiles, à côté du fait que nous ne sommes que des voyageurs éphémères, à côté du fait que le temps passe, que nous mourrons un jour et qu’il ne faut pas perdre les choses les rares choses précieuses que le ciel a posé dans nos mains. Il faut prier, il faut prier très fort. Pour que le sang glacé qui passe dans nos veines puisse se réchauffer à nouveau, pour que, comme toujours le soleil fasse acte de présence dans nos coeurs et dans nos esprits, pour ne pas nager seul dans une mer de douleurs, pour sortir un peu de l’anémie.

 

Mourir et renaître. Réoxygéner le sang, réapprovisionner l’espoir, redresser les soldats de plomb. Tirer le soleil très haut dans le ciel. Laissé le passé là où il est. Il n’est pas vain de partir à la poursuite du soleil, et ce n’est pas tant la destination finale qui est importante, mais le voyage.
Pour ne rien perdre. Pour être encore capable de s’émerveiller comme au premier jour. Pour être passionné plus encore qu’hier, plus encore à chaque minute. Peut-être jusqu’à la perdition, jusqu’à la brûlure, brûlure bienfaisante qui prouve par la douleur et par le bonheur que nous sommes en vie. Pour être capable encore d’extase par la simple pensée de la beauté de la vie, par le simple fait d’exister. Les larmes ne sont pas veines.

Voilà ma pensée, voilà comme je vis et comme je pense. Le temps d’un paradis ancien n’est pas révolu, il n’est pas plus passé que futur, pas plus échec que réussite. L’éternité finalement, nous précède. Et nous succède. Entre ces deux laps d’éternité, il y a nous, la poussière, l’élément fugitif et précieux dont nous sommes faits.