L’ombre pousse l’ombre
qui pousse l’ombre elle-même jusqu’à la nuit noire.
C’est comme ça que le soleil se couche. Il ne prévient pas, il
coule seulement, doucement, le long du ciel et cette fenêtre rougeoyante
Derrière laquelle la vie se déroule et se multiplie le Soleil
va s’étendre là-bas à l’autre bout d’un monde
là où le jour pointe le bout de son nez commence à nous fabriquer un nouveau
quotidien. Ici il fait nuit, et la lune commence à créer sans le dire
Ce que le soleil révèlera demain, dans l’air maintenant noirci s’agitent peut-être quelques
fantômes. Les fées des ténèbres viennent ouvrir les yeux des hiboux,
des lémuriens, des chauves-souris, de toute la faune mystérieuse et
nocturne qui palpite elle attendait qu’enfin le soir lève son empire. La pupille
des chats se dilate, ils chassent, non loin, des choses que nous ne
voyons pas quant à moi je sors pieds nus sur l’herbe mouillée. Le
monde dort-il ? Je découvre, plus loin, un grand arbre sous
lequel la végétation est restée sèche et je me couche dans ce lit
naturel je me couche et j’aperçois la lune dans sa plénitude, entre les
branches du pin cet astre blanc semble régner sur un royaume
silencieux, assoupi, un royaume immatériel. Il n’existe plus même l’idée
de la lourde existence. Il y a le soulèvement des sens, pendant que
le temps fait son chemin, je reste immobile et les musiques insonores
et les danses invisibles et les joies sans contraintes
pourtant, sous un air inanimé, comme un bonheur issu des ténèbres qui
vient nous emporter nous emmener en tournoyant, je me dis que c’est peut-être ça
la vie… c’est peut-être toutes ces choses à la fois
amoncelées…
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