Ainsi plongé dans le fleuve
Me laissant emporter par des flots
Que personne d’autre n’a jamais su emprunter
Là où le sentiment rencontre la folie
J’ai coulé lentement vers le fond
Le long d’un amour venu de nulle part
J’ai frayé mon chemin vers ton cœur doucement
Percé la membrane de ton chagrin et pleuré
Lentement comme une ancre perdue
Comme une beauté maintes fois écoulée
Le rayon moribond d’une algue mouvante
Dans le tréfonds découvert seulement
Quelques faisceaux émergents d’une blessure
C’est ta voix comme je ne l’ai jamais entendue
Un vocabulaire inconnu magicienne
C’est là que repose la solution de l’océan
C’est ici que l’amour est venu s’offrir
Un astre qui ne se délivre que par éclaircies
Le désir noyé sous sa propre abondance
Aimant d’autant plus intensément qu’il sait déjà
Qu’il va s’éteindre tout en apparaissant
La chose aimée s’abandonne sans cesse aux pleureuses
Et remonte comme un essaim jusqu’au front de l’onde
Dans un espace plus étroit qu’une pupille
Lâchés-là mille désirs voulant seulement
Rendre pourpre ta peau très blanche
Dans un soupir aussi mille mondes
Répondent en secret un seul de mes mots
Venu-là dans l’unique espérance de disparaître
Ce mot épileptique ne saura jamais décrire
Un seul de ces pigments aperçus une seule
De ces lenteurs chacune plus légères
Qu’une planète sans pesanteur
Un bras sans muscles
C’est là que j’ai découvert sans le vouloir
Une nouvelle beauté sans chercher jamais
A vaincre ni à défaire
Tellement attendue et si rarement atteinte
Dans la chute du premier météore, on tombe
Amoureux comme on s’échappe de sa crinière
De son cristallin réfléchissant
Jamais le hasard ne nous sombre
Ni ne tombe jusqu’au bas de ses sphères
Pour toucher même une seule seconde
L’aboutissement de mille années d’attente
Une immensité saisie sur le champ dans une main
Une âme posée là qu’on veut découvrir
Mais qui ne laisse pas échapper son secret
C’est sa fleur vaginale appuyant le merveilleux
Dans un geste où ne se trouvait que le vide
J’ai retroussé le bonheur et le désespoir
Trop vide laissé échappé
Vaguement un petit sucre ennuyé de l’éternel
Chassant l’éphémère
A la surface du fond des océans
La main rafraîchissante me rappelle au sein de l’abeille
Et goûte au précipice, une liqueur trop forte
Pour nos pauvres âmes abîmées
Pour nos coeurs affaiblis
Tes doigts en secret me donnent toujours raison
Le fond n’est que la surface
La défloraison des bruits donne un silence
Un prolongement de l’émerveillement nocturne
Qui scintille tout au fond de mon amour ta lumière
Chacun de tes bruissements me font me souvenir
De tant d’aurores et de tant de crépuscules
J’en suis à jamais nu, à jamais émerveillé
En attente silencieuse un seul aveu
Commence à fleurir sous le ciel à jamais vert
Une traînée infinie de libellules
Nous emporte dans un triste soir
Un nuage foncé puis un autre plus clair
Colore le ciel de teintes jusque-là inaperçues
Jusque dans la penne des oiseaux
Dans le pollen des filles lorsqu’elles sont amoureuses
Un million de feux d’artifices mouillés avant d’exister
Ne sortiront plus de ta paupière
Car tu ne sais pas pleurer et tu ne sais pas comprendre
Comment l’horizon parfois se change en avalanches
Et comment mon âme que tu détiens entre tes doigts
Est plus précieuse qu’une perle coffrée dans un coquillage
Plus riche qu’une forêt d’émeraudes
Plus riche encore qu’une grotte constellée d’améthystes
L’orage éclaire là où tu ne voyais que les ténèbres
Mais ce n’est jamais noir, ce n’est pas la nuit
C’est uniquement une très lente parole
Qui glisse le long de ton cou que j’adore et que
Je souhaite embrasser parce que
Je sais bien qu’aimer est une bien petite chose
Comparé au goût des petites fraises des bois qui ne sont
Jamais cueillies et comme les magnifiques fleurs
Dont les secrets n’intéressent plus personne
Ni les yeux ennuyés ni les phalanges cendrées
Comme elles respirent lorsqu’elles se libèrent
C’est cette parcelle que je cherche à atteindre
Qui n’est qu’une petite présence perdue
Au milieu de toutes les autres qui ne sont pas les mêmes
Aucune autre n’a le goût de toi, aucune
Ne m’affranchit de la crainte ni ne me transporte
Au-dessus il ne reste que tes cheveux
Adorée comme le premier astre venu, comme
Un aiglon qui n’aime à jamais
Que sa toute première vision, je ne sais
Jamais quel image est préférable à l’autre, ni quelle
Image te ressemble plus que les autres, ce sont des brises
Des souffles qui me font te deviner alors
Que je n’ai jamais eu la chance de te révéler qui j’étais
C’est la lumière verte de tes seins qui me fait battre
Qui me fait dormir, aussi malades que soient
Mon âme et mon corps je suis plus vivant et
Plus enluminé qu’un scarabée plein de couleurs je n’ai
Pas plus de musiques ni de fruits de la passion
Aussitôt que je me rend compte je préfère
me taire.
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