Sélectionner une page

;

Ce soir je suis seul dans le jardin
et je cherche de la lumière
parmi les lucioles
la faune nocturne
la couleur des arthropodes
je ne connais pas l’électricité
il pleut des particules scintillantes
dans mon lit noir
j’ai rêvé tout le jour
de parfums somnolents
entêtants et indiens
j’ai choisi mon arbre
ma fumée
Les éphémérides
L’agencement des astres
lent comme le rêve
arrêté net dans l’impasse
je passe de nappes en roulis
te raconter les voyages
tu entres dans les ordres
je tire sur la corde
un peu trop peut-être
pendu accroché à son refrain
j’en ai caressé des cathédrales
j’attire les éphémères
les bouches qui s’évadent
je cherche mon bien
moi fantôme dans ton palais de quartz
ma main dans la faïence
de ton rire
j’accumule les vers à soie
ensorceleurs
sirène tremblante dans les ondes
demain viendra mentir renverser
comme les autres jours
il viendra abolir ce que j’ai construit
les dieux savent comme j’aime la terre
comme je lui doit tout
ils savent les errances
le guerre est toujours menée par les soldats de plomb
mais je suis périssable
comme le verre. en filigrane
et je fonds à mesure
que je m’approche des candélabres
fondu à même les parois oxydées
des lampes à pétrole
attiré par la luminescence
n’importe quand j’y serai
n’importe où je m’en irai
pour un peu de sortilèges
quitter les couloirs de ces hôpitaux sans nom
l’élégance des papillons-colibris
et tant pis si je fais sourire
si pour toute mémoire
je laisse poussière oubli
moi qui ne suis rien j’ai connu tout de même
la douleur de quelques poètes anciens
et plus la marée revient
plus je sens le bâillon
se détacher de nos lèvres
mon amour est dénué de limites et de mensonges
plus cet incendie se propage
et plus je suis libre
il roule dans le fonds
dans le corail
laisse émerger un nouveau destin
je compte les moments loin du monde
sur mes doigts qui ne sont que dix
pour tout dire
une effervescence m’emporte chaque jour
et le vent ne cesse jamais
de liquider les douleurs
dans quelques envoûtements passagers
je les garde dans le creux
parmi les coquillages
cramés par un soleil éminent
qui ne leur était pas destiné