Je suis de plus en plus enclin à penser que la littérature est, avant tout, une affaire de style et de « petite musique », comme le disait le bon vieux Céline et que le reste n’est que prétextes et alibis, l’écriture peut être prise par deux bouts le frottis de l’égo ou le bousculement de la grosse humanité comme une énorme difformité de chair qui dégouline de tous côtés, faire trembler les gens, les retourner en eux-mêmes… Dans l’un on se présente comme acceptable, dans l’autre on se montre tel quel et même on empirant l’image de nous-même, jusqu’à présent je penchais dans l’un et l’autre comme un minable (c’est à dire qu’au fond je n’étais dans aucun des deux, funambule ridicule) tout timide de dire ces lourdes phrases qui pesaient en moi, à balbutier, presque à demander à la bouse si j’ai le droit d’ouvrir un peu la bouche de prononcer quelques mots…C’est incroyable cette liberté qu’on se refuse, je ne pense pas que ce soit par peur mais plutôt par un désir bien imprimé d’agir comme les autres tout ça dans l’espoir d’être aimé et de ne pas avoir l’air d’un monstre, ne pas mettre un orteil plus loin là-bas, juste là, après la ligne blanche…
Après, ce qu’il faudrait c’est trouver la mesure la musique, très rares sont ceux qui l’ont tenu par la bride, Lautréamont, Céline, sans doute Proust (j’ai parfois le sentiment que Céline a choisi Proust comme point de repère, il semble s’être placé exactement à l’opposé de lui, comme le deuxième pilier à eux deux ils sont le porticle ils tiennent comme deux masses la littérature du XXème siècle en France) je pense en toute modestie qu’elle est en moi mais que je ne suis pas au bout de mes peines pour la tirer avec une pince de tout au fond, là, je ne pense pas en avoir fini avec elle malgré tout, de l’extraire, de la travailler, c’est beaucoup de pétrissage. Aller en sens inverse des phrases toutes faîtes qui nous viennent comme des vieux réflexes, des résurgences de choses piquées aux autres si elles sont décochées, il faut les gommer par la suite, rétrécir tout ça…toujours élaguer pour trouver la langue juste.
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