Je me sens perdu, inutile. D’ailleurs c’est, au fond la vérité. Et c’est très bien comme ça, d’être perdu, d’être inutile. Pourquoi le monde me dit-il que ce n’est pas une bonne chose d’être perdu ? d’être triste ? peut-être parce que s’il était triste il tournerait moins vite. Les fondamentaux économiques le supporteraient mal. Le conditionnement est tel qu’il s’insinue à notre insu dans les cellules de notre corps. Exister. Exister. Que le monde tourne ! je me sens perdu, triste, et c’est très bien ainsi. Le monde me dit que ce n’est pas bien ? que je dois prendre quelques médocs, qu’il faut à tout prix aller mieux ? Aller mieux ? Quel est ce désir d’aller mieux qui doit se faire, d’une manière ou d’une autre, aux dépends d’une personne quelque part dans le monde. C’est pour aller mieux que l’homme bousille tout. Qu’il aille au diable. Je veux ma tristesse elle est ma seule promesse de bonheur. Je me dis parfois que la vie pourrait être bien autre chose. Elle pourrait même, peut-être, se rapprocher de ce à quoi elle aspire : elle-même. La vie. où est-elle ? où se cache elle ? Est-elle possible encore, est-elle définitivement enterrée ? les hommes ont ils fini par tuer la vie terrestre à mesure de la mimer, pour leurs besoins sociaux, pour maladroitement tenter de combler son besoin d’exister. D’exister dans les yeux des autres. Je suis dans un hôpital peuplé de fantômes, ils errent sans but d’un couloir à l’autre. Ils sont bruyants. Ils sont nerveux. paniqués. Nous le serions à moins en longeant un abîme les yeux bandés. C’est pourtant bien ce qu’ils font tous les jours, ils courent droit vers la mort avec des rêves plein la tête.
Ce n’est pas si simple, je le sais. Je connais la rengaine. Pourtant ce que je sais aussi, c’est que la vie en son coeur, c’est à dire sous sa peau, plus loin sous la chair, elle recèle un secret très simple. Mais à la manière de tous ces passants qui avancent sous le ciel, n’en remarque pas l’existence bien que celui-ci recouvre une très bonne part de leur champ de vision, les hommes ne voient pas l’infime simplicité du monde, recelé sous l’inextricable complexité humaine.
On a dit que les hommes sont dégénérés, à force de penser ils ont sombré dans l’abîme de leur complexité qui n’est rien d’autre qu’une folie sans nom. Les animaux sont sains, ils n’ont pas conscience de vivre sur une petite planète, perdu dans un coin d’une galaxie à spirale. Ils prennent les choses comme elles viennent aidés de leur instinct, brut, basique, sans rien à retrancher ni à ajouter. Les hommes eux semblent égarés dans une folie qui les a portés loin de l’étrange simplicité essentielle de l’univers. Nous sommes dans une jungle immense, au travers de laquelle nous tentons de tracer notre chemin, la hachette à la main, mais derrière chaque arbre coupé, derrière chaque mystère découvert, un autre arbre surgit : un mystère plus épais fait son apparition. la course est donc vaine, inutile, elle débouche sur l’infini, donc sur le vide. Il n’y a pas de solution.
Moi même je veux avoir tout au fond de mon âme l’esprit animal, qui me rappellera à la primitive simplicité. Vivre sans penser comme cela peut arriver parfois, c’est peut-être l’ultime sagesse.
Il est devenu obsolète maintenant de savoir bien écrire, de tisser de belles phrases. regardez comme j’en ai rien à faire, les belles phrases, qu’elles aillent au diable avec le reste du monde.
Commentaires récents