Je suis la lune oubliée qui te caresse sous les ailes, ce vague soupir qui va disparaissant, sans bruit en direction de ta nuit. Je suis tes anciennes vapeurs descendues du ciel et que tu as toi-même laissé retomber dans la rue, je suis celui que tu as oublié depuis des lustres. Je suis cette vieille étoile qui brille au conditionnel, qu’on ne voit plus souvent se distinguer des autres, dans tes yeux, je suis ce jeu désuet qui ne t’amuse plus, celui où tu joues avec tes mains attentives, à former des losanges avec tes doigts. Je suis ce souvenir impalpable, cette cellule grise dans ton cerveau qui ne se souvient plus de ton rêve, cette boîte d’allumettes vide qu’on a trop frotté, qui ne sent plus le soufre, ce reste de bois mouillé, autrefois grand incendie dans ta vie minutieuse… Je suis ces pantoufles poussiéreuses abandonnée sous le lit, dont on ne veut même plus le matin pour aller manger les biscottes (à la confiture de myrtille). Ce secret ressassé trop de fois et qui n’en est plus un, ce visage qui te fait mille et une grimaces et qui ne t’émeut plus, ce cendrier qui n’a pas été lavé depuis des semaines, ce rideau de douche où se sont agglutinées nos saletés, résultat de milliers d’heures passées à nous promener entre les trottoirs parisiens et les pollutions diverses et variées, en corolle déployées sur la peau comme des iris noirs de crasse.
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