Je ne cesserai pas la poésie. Ce qu’il faut, c’est élargir le médium. Je me sens à l’étroit ces temps-ci dans le verbe. Je veux de la couleur, des lignes. Je regrette d’avoir cessé la peinture pendant tant de temps. Mais, bizarrement, après avoir arrêté si longtemps, il me semble avoir progressé d’une certaine façon. La ligne du dessin reflétant l’esprit, l’esprit lui-même ayant évolué, s’étant élargi, le dessin s’en ressens et ce, même si la main n’a pas beaucoup travaillé. Il me faut m’oublier dans mon travail pour ne pas sombrer comme je l’ai fait ces derniers jours. De la discipline. Du rythme.
Il est horrible d’avoir tout dans sa tête, mais d’être freiné à ce point par ce mélange de fainéantise, de carence en confiance en soi. Le temps n’est plus au manque de confiance. Jusqu’à présent, bien sûr, concernant le trait, j’ai fait surtout fait de la merde. Mais le temps n’est plus à la causette. J’ai 27 ans. Le temps est un mur derrière soi qui nous pousse doucement. Inutile de se retourner, de tenter de le repousser de toutes ces forces dans l’autre sens, c’est cause perdue. Autant se retourner, quitte à se retrouver devant un territoire inconnu, devant une montagne. Je ne veux pas me sentir vieux un jour et me dire, qu’est ce que j’ai été con, quel temps j’ai perdu. Je n’ai jamais été au monde. Je ne me suis pas vraiment connu. Non, rien de tout cela.
Les personnes qui ont disparu, tant pis. Libre à elles de prendre un chemin différent. Libre à elles. Je ne veux pas, comme elles, tourner sur moi-même dans un mépris teinté d’indifférence.
J’ai tout dans les mains. À ma disposition. Ne rien en faire serait commettre la pire erreur de ma vie.
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