J’ai tout fait pour être un autre. J’ai voulu prendre pour moi les énergies des grands écrivains. J’ai voulu faire miens leurs rythmes. Parfois même, j’ai essayé de voir le monde par leurs yeux. Je les ai explorés, comme des rivages, ou des cavernes. Arrivé loin dans les terres étrangères, je ne me distinguais plus, moi. Je ne savais plus qui j’étais. Chacun de mes désirs semblaient ne plus être les miens, j’avançais dans la nuit, et ma gestuelle semblait empruntée, artificielle. Un costume.
Mais je crois que mon pays s’est agrandi. Maintenant que je fais marche arrière, je me rends compte de mes acquis. Je n’ai pas voyagé là-bas pour rien. Ce n’était pas des pertes de temps. Si je vais trop loin, il ne me restera plus que le silence.
Je n’essaierai plus d’être un autre. Je retourne aux premiers territoires.
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