J’ai perdu mon arrête. Le coche et puis l’horizon.
L’estramaçon et la languette de la pochette surprise.
J’ai perdu le candélabre et le château terne.
Les chaussons de flanelle, la couverture polaire.
Les piles de la télécommande, le bouton de la radio.
J’ai perdu le coeur et le frontispice. Le balcon aux oiseaux.
Mes clefs, le fil du temps et d’ariane. Les étoiles.
J’ai perdu les raisons et le sens des paroles. Mon couteau de cuisine.
Les féeries. Les nappes bariolées des restaurants.
Mon chemisier brun et mon jeans noir. Le dos de la lisière.
Et comme si c’était tout
J’ai perdu les jetons du manège. La direction du vent.
La source lointaine. La musique et l’hiver caduc.
J’ai perdu le jour et tout ce qui va avec. L’amour.
Le goût des noisettes, le poème. L’envie.
Le jardin enrichi de mon oncle et ma révolte.
La corde de la guitare, l’élasticité des réticences. Ma chance.
Le rire. L’odeur et la variété des fleurs.
J’ai perdu le col de la montagne et les cachotteries. Les lieux.
Les réminiscences. Les piqûres de moustiques. Le tabac et l’habitude.
J’ai perdu le couvercle. Les territoires et puis l’opéra.
Le rayon de lune. La liberté. Le chaos nu des égarements.
L’antérieur et l’intérieur. L’éclosion des collines.
L’à-venir, le décor du théâtre. Le plaisir et le colorant du ciel. Le printemps.
Mais il me reste encore une chose, je crois
C’est fermer les yeux
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