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Je n’ai plus envie de rien. Il me semble que j’ai tout raté. J’ai trop perdu, trop échoué. J’ai le sentiment d’être un homme dans un puits qui s’accroche comme il peut à des cordes, lesquelles une par une se rompent. Je n’ai plus envie d’écrire car l’écriture, finalement, ne m’aura jamais apporté le bonheur. Je ne crois plus en ses promesses. Vous allez me dire que l’écriture n’est pas là pour ça. Vous auriez raison sans doute. Mais moi, ce n’est pas ce que je m’étais dit. Je n’ai rien à faire là où il n’y a pas de bonheur possible. Je n’ai donc plus rien à faire ici. Il n’y a plus rien à croire là où il n’y a plus de possibilité de bonheur.
Je suis déçu. Je suis déçu de tout et de tout le monde. De moi-même en premier lieu. Je me sens effroyablement vide. Là où j’ai essayé, j’ai échoué. Et je sais bien que c’est de ma faute.
Je ne fais que divaguer sur un océan de hasard, avec parfois, de temps en temps, un coup de chance. On ne mise pas une vie sur des coups de chances. Les choses auxquelles j’ai crû se sont toutes effondrées. Toutes. Je n’ai, sincèrement, plus aucun espoir en rien. Je ne crois plus en mes forces. Je me suis habitué, comme j’ai pu, car l’homme s’habitue à tout. Les rares choses auxquelles je peux croire de temps en temps ne sont que des mirages d’oasis dans mon désert, des illusions. Ce sont des abstractions, des élucubrations qui ne valent pas le plaisir des nourritures terrestres que je suis incapable d’éprouver. Je n’ai fait que rêver, et fuir. J’ai tellement voulu bien faire, vraiment, j’ai tellement voulu croire et y mettre le meilleur de moi-même, pourtant.
Mais la vie est un navire qui est parti sans moi. Réellement. Ce n’est pas une simple tournure de phrase, un gémissement supplémentaire de passage. Je me sens en dehors de la vie. Je glisse sur elle comme l’eau le fait sur le dos d’une hirondelle.
La vie et l’amour me manquent. Alors je reste sur le quai, à regarder la mer. Loin des choses, loin des gens. Loin, de plus en plus loin. Et je suis infiniment malheureux.

Je me réveillais dans la ville qui ne dort jamais.