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C’est rien du tout l’écriture.
On en fait une montagne pourtant
Il faut bien faire pour y être et pour
en vivre. Mon Dieu qu’il est difficile d’exister.
De se savoir ici. Et de n’en point douter.
L’un, extrait l’émeraude d’un ciel
jaune et pouilleux. L’autre monte
en épingle, une brindille. une mèche. Tout juste
visible entre les persiennes et les volutes.
Tandis que l’un veut viser juste, l’autre,
pris dans un illustre élan, semble d’un coup sec
renverser le monde. Mon Dieu
qu’il est difficile d’y être. Et de
parler de la voie lactée. De la sueur
plein les yeux. À la poursuite
de cette sensation étrange et centrale.
d’être pour de bon. perché. en haut de la colline. pour
l’horizon. d’autres rendent leur tablier. un téléphone sonne.
une soirée quelque part, est organisée. Dès lors
tu passes à autre chose. pour plus tard. tu as trop transpiré.
tu n’en veux rien savoir. tu as fait trop de mousse avec les bras
dans l’eau de ton bain. Mon Dieu, que c’est compliqué.
de ne pas se confondre. avec cette ombre sur le mur. qu’écrire.
avec ton ongle. sur ce parchemin désuet. tu es le héros du jour.
cette fois c’est pour toi. tu franchiras la barre la plus haute.
t’en as pour cent ans de satisfaction. avec une beauté pareille.
semblable aux statues. ça durera bien dans le temps. tu y as mis
tant d’effort. tant de tendresse. et puis tes viscères. pour ne pas
servir de lampadaire. toute la vie durant. tu existes sur le fronton.
main dans la main avec ta mère. elle est si fière de toi. tu vois bien derrière
les corridors les ancêtres te sourire. te remercier. de tracer la route un peu plus loin.
de poser le tout sur papier. ce qu’à peine ils ont su imaginer. c’était donc bien possible après tout.
si tu avais su. plus tôt. un peu plus tôt. peut-être. avant c’était trop tôt. fallait bien crever l’abcès.
laisser partir la pelote. dans un courant d’air. le deuil. tu n’étais donc pas. le chevalier tu étais
un passant. un ami du courant d’air. un égaré en croisade. toi aussi. la proie du monde.
de son nivellement. c’est fini les héros. ça doit crever. avec les termites. place aux murs de verre.
c’est bien fini ma parole. les échappées. ça ne t’a pas fait gagner un sou. ça a éclairé le jardin. tout juste.
le temps d’une lumière. avant que le filament de l’ampoule ne rompt le sort. trop de joules dans tes doigts. c’est pas permis.
ça ne se fait pas. c’est pas avec des joules qu’on fait des châteaux. c’est dérisoire. dans le bruit humain. le bruit
humain qui ne stoppe jamais dans tes oreilles. toujours trop. ça te brûle les vertèbres. et ta patience qui fond au soleil.
congelée. par mille ans d’obscurité, les mains jointes. il fallait bien lever. un jour ou l’autre l’empire. ton armée de papiers. le ressac. comme faisable
est la vie. c’est pourtant bien permis. d’écrire. pour les oiseaux de la nuit. qui ne prennent pas la peine de s’abriter. avec des papillons posés sur le dos.
à la fin. tu retournes toujours où tu as commencé. pour retrouver la sensation. du corps levé. tu retournes toujours. là où tu es resté figé pour y aller voir encore.
si, après tout, il en reste encore un peu. un monceau. une mèche à allumer. un piège pour s’y prendre. de l’affection. rageuse. comme un animal. pris dans tes mains.
la dernière fois. tant est si bien que maintenant. tes pieds sont pris dans la même boue. et tes mains sont à des dizaines de mètres devant toi. le glacis de ton rêve d’illuminations
de royaumes. tu ne sais plus ce qui dans le tertre t’appartient. un rien ouvrier. qui brûle dans le feu de camp. tu fais des flammes de tes empreintes. tandis que d’autres espèrent le palais de couleurs
le bleu de saturne. le rouge de ton métal. la nuit se tait. toujours quand tu l’écoutes. non pas qu’elle joue au chat et à la souris. non pas qu’elle te fuit. non pas qu’elle se refuse. c’est toi qui lui parles. c’est elle qui écoute