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Au-delà de la communication ordinaire – c’est à dire une tentative ininterrompue de tirer la nappe vers soi, en faisant le plus souvent mine du contraire-, il peut y avoir d’autres types d’échanges, lesquels passent nécessairement par une incompréhension – positive, certes, mais une incompréhension. pourquoi ? parce qu’ils sont étrangers à eux-mêmes, ils font des clapotis à la surface de leur être, à la poursuite de ce moi fuyant, déshabitués du contact humain -vivant, créatif, déshabitués de trouver de la vie sous le tas de fumier, ou persuadés que cela cache quelque chose et dès lors qu’ils se trouvent en face de ceci – un élucubré, un poète, un étranger, un marabou que sais-je- leur tend un miroir salubre, rejettent, ou fuient dans un réflexe, par crainte d’y voir trop clairement ce qui s’y trouve et de ce qu’un phénomène inconnu ne les pousse en-dehors du dôme sous lequel la rassurante et maîtresse habitude les contient.
Je pourrais dire à quel point je méprise cette société – inhumaine, vaine, sans vie et c’est bien le cas, mais non, rien à foutre, je dis que la liberté véritable est d’abord intérieure et que c’est là que tout commence parce que c’est là que tout à été dénaturé, brouillé, conditionné, que la bonté -la vie même, c’est ici qu’elle remue, qu’elle parle, qu’elle s’agite, non pas dans le petit chapiteau individualiste et égoïste, mais dans ce point central laissé à l’abandon et qui a seul contact avec l’essence mystérieuse, la vitalité, l’intuition, les êtres vivants et ce n’est qu’après avoir saisi ceci dans sa peau et dans ses os que les choses et les gens aux alentours reprennent des couleurs, que les êtres ne sont plus des formes fantomatiques et floues, puis on saisit que la « société » n’est pas mauvaise en soi, mais simplement une idée, un concept, une opinion, le reflet tout à fait neutre de cette mort et cette décrépitude au fond des cœurs, qui seule devrait retenir toute notre attention et tous nos soins.