Mon âme est une plaine embrumée où gisent des corps sans vie et sans nom. Je suis d’ailleurs, et mon chagrin berce des nuits sans étoiles. Des éclairs parfois traversent mon corps électrique pour éclairer furtivement le ciel ombrageux de ma conscience, les regrets tombent par millions, comme la pluie, sur la surface de mes pensées, afin que jamais je n’oublie mes rêves inassouvis. Mon amour est englouti sous cette terre humide, mangé par la vermine de mes remords et mon cœur, territoire conquis, est transpercé par le drapeau noir de la mélancolie.
Pourtant, un ange est là. Assis parmi les pierres tombales, je le vois contempler fixement cette décomposition et les longs râles de mon agonie. Il observe la file de corbillards qui viennent, tour à tour, déposer dans mon cimetière les fragments de mes espoirs vaincus.
Soudain son regard, plein de compréhension, semble vouloir me réconforter. Il me montre alors une difformité qui gît là, dans ma fosse commune, parmi tant d’autres, et me demande de lui apporter. Je parviens difficilement, funeste somnambule, à me déloger de cette atonie, je lui tends l’objet convoité. Il le prend délicatement, comme un enfant qui vient de naître, et sa main magnifique, blanche, pénètre le sépulcre charnel. Il parvient alors à extraire un Cristal. Comment peut-il trouver, dans le cœur de l’horreur, un élément si pur…
Alors l’Ange s’approcha pour me confier avec amour le morceau de lumière divine, et son sourire, ses larmes de bonheur, me transportèrent vers les chants brillants de l’extase.
« Ne t’attarde pas aux contours de ce monde, car le paradis est à l’intérieur des choses »
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