Il m’arrive peu souvent de me plonger dans le passé. D’y songer, comme une idée vague qui s’évapore aussi sec, oui, cela m’arrive continuellement. Mais d’y plonger véritablement, de me rappeler, de me souvenir, cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps.
Je me sens loin de moi. Je me sens loin des choses. Je ne sais pas si je suis en mesure d’écrire. La vie est devenu un rythme lent. J’attend. Je n’ai, actuellement, pas d’amis que je vois. Je flotte. Je réfléchis puis, comme je vois que cela ne sert a rien, je laisse aller. Le dos de la main sur le fleuve. Il me semble que je vois la vie de loin, ce que j’étais, ce que j’ai vécu, tout est ça est parti avec l’onde.
C’est Florian qui me racontait ça l’autre jour, et sa phrase m’a marqué. En avançant, la vie devient une sorte de rêve. Les jours défilent.
Je n’y saisis plus rien. Je me demande, à vrai dire, ce que je fais encore ici. Tout me semble si dérisoire, et perdu d’avance. C’est tragique de penser comme ça.
Je relis parfois ce que j’ai écrit et, au fond de moi, je ne sais pas si j’aime cela. Je ne sais pas si j’aime ce que j’ai écris.
Je me sens comme un spectateur, seul, enfoncé dans son siège, dans une salle de cinéma déserte, dans le noir. A moitié endormi, entre deux mondes, jamais tout à fait éveillé, jamais tout à fait en sommeil. Et je regarde l’écran de la vie, les images défilent. Certaines retiennent un peu mon attention, certaines sont tristes, mais aucune larme ne coule. Les émotions ne sont pas vécues de l’intérieur, elles s’éteignent tout en apparaissant.
Je ne regrette rien, je n’ai pas de remords. J’erre. Seulement.
L’avenir est déjà derrière moi.
Mais peut-être que tout cela, ce n’est qu’une part de moi. Et je ne vois qu’elle.
J’ai toujours les solutions. Mais les solutions elles-mêmes ne sauraient plus me sauver.
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