La mère de Marcel Proust est ma propre mère. Dans un autre jour. Dans cette nuit ci-contre. Elle a fermé son ombrelle. Elle est là depuis lors. Il est l’heure de dormir. Il est l’heure de trouver le chemin. J’ai gardé son diamant noir. Les projections de la veilleuse sur les murs racontent une histoire qui n’a plus lieu d’être. Elle a refermé les ailes du serin. Un baiser sur le front a suffi à ouvrir la nuit devant. Sa mémoire volatile s’est posée sur mon balcon de verre. Je regarde au loin les routes et les chemins de fer. Partir n’a pas eu lieu. Toute ma vie je dessine des cercles sur un grand tableau noir. J’entends le soleil tourner sur son axe, déplacer ses lignes sur le carrelage chaud. Son empire m’est resté. Son visage m’est inconnu, que je garde au fond de moi. La mère de Marcel Proust est ma propre mère. J’ai habité sa demeure qui était ses bras, ses seins. J’ai connu les grands arbres, dressés en cercle autour du seuil. Intactes, sous le ciel d’été. Inaccessibles. J’ai dressé le mausolée sur sa chair à mes mains interdite. Je vais dans les perditions pour atteindre quelque chose de pur. La nuit est lourde qui ne veut pas dire son nom.
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