Ce qui me nuit n’est pas tant la voiture ni l’activité générale de la ville
Ce n’est pas le fond sonore, pas plus que la saleté des pavés ou l’absence d’air respirable
D’eau clair et d’amour fou, ce n’est pas non plus le prix des tickets de la foire
Ce qui me nuit n’est pas le visage blême ou la mine résolue des gens que je croise
Pas plus que les immenses appareils photos des touristes ou mes chaussures vieilles de trois ans
Ni de trop fumer ou de grossir, d’écouter en boucle la même mélodie qui ne me fait plus grand chose
Ce n’est pas de parcourir les souvenirs ou de me saouler, partir en vacances à Marrakech
Ce qui me nuit n’est pas de n’avoir jamais vu de volcans en vrai ou de ne pas vivre à la bonne époque
D’avoir les yeux qui me piquent, de ne plus avoir un rond dans la poche ou de croiser le regard d’un mendiant
Ce ne sont pas non plus les soirées branchées parisiennes ou les longs discours sur la poésie, ni le déclin de mon inspiration
Ou le fouillis du monde, ce qui me nuit n’est pas la crise ou la course au plein-emploi, ni d’écrire de mauvais poèmes
Ni de courir à ma perte ou d’attraper les maladies incurables ramenées de la lune par les innocents astronautes
Ce qui me nuit n’est pas l’absence de sacré ni la mort de la poésie étouffée par la vitesse du monde
Pas plus que la mélancolie désuète des romantiques ringards ou la télévision, ce n’est pas l’ennui ni la stupidité de l’être humain en général
Ce qui me nuit c’est cet horrible moustique assoiffé sur le mur
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