Dans cent ans, dans mille ans, quand nous ne seront plus
Que des cadavres nus, de soleil dépourvus,
Quand le dernier rayon paraîtra au balcon
Sous la forme de cendre et de tristes flocons ;
Quand la vie ce mirage, aura fini l’histoire,
Terminera sa nuit au fond de ton armoire,
Tu fermeras le conte et le dernier rideau
De la pièce magique et des mille flambeaux.
Tu traceras à la pointe de ton navire
Immobile, la ligne éphémère du rire,
Tu prendras ton linceul contre tes yeux mouillés,
Contre ton blanc visage et tes joues barbouillées ;
Et tu dessineras, la craie sur le tombeau
L’esquisse de ton ciel. Sur ce sombre tableau,
L’horizon de la mer et ton immense été,
L’image colorée d’une vie désertée.
La parfum de ta peau disparaîtra du monde,
Et le son de ta voix et ta moue moribonde,
Le bruit de tes pas sur la voûte circulaire,
Tout ce qui était toi replié dans la terre.
Sous le grand paravent, sous le brise-soleils
Un souvenir peut-être attend dans son sommeil.
Si le piano se tait, si la muse n’est plus
Qu’une femme fantôme au silence tenue ;
Si, au printemps promis, l’aurore fatiguée
Ne dresse plus sa robe, à la nuit reléguée ;
Si, loin de ce qui nous faisaient, loin de ma peau
Tu couvres d’un silence un éternel repos ;
Si, du fond de ta nuit, tu rêves de goûter
À nouveau ce soleil, à nouveau les étés.
Si l’horloge brisée ne t’indique plus l’heure,
Repense à moi qui ne dis mot mais qui demeure.
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