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Je lis mes textes et je me dis : est-ce moi qui ai écrit tout cela ? Où est passé celui qui a écrit, est-il vivant peut-être éteint, peut-être ailleurs. Je suis toujours sur le seuil, devant une porte fermée. Malgré le quotidien, les jours désagrègés, malgré le soleil sur la peau, je suis au fond de moi comme dans une pièce qui tremble, noire, sans avenir. Je lance parfois des promesses de futurs comme on jette des pièces dans une fontaine aux souhaits, les heures glissent sur ma fenêtre sale comme si, sans croire que je pourrai vivre mon souhait était désormais la survie, quelques étincelles ça et là. je suis si malheureux tout au fond, personne ne sait, si tu savais. Même moi je ne sais pas, le temps passe si vite, sa vitesse donne l’illusion, le temps rend aveugle, l’habitude s’installe. Je suis si mécontent de moi, je me sens si vide, si désarmé. Si triste. Je suis devant ces lignes comme devant les photos de mon enfance, c’est une autre vie que je regarde, spectateur, cela finira par me tuer, par me prendre tout d’un coup comme ça, au détour d’une rue, passant un peu trop pressé, voir surgir la mort inconsciente toucher l’égaré.