Je t’aime un doigt dans la terre, sous la couche des cendres
À en recouvrir la raison la demeure le château
Et dans la gare des traîneaux à m’en mordre les dix doigts
Je me suis détruit tant de fois que je ne sens plus mes vertèbres
J’ai tant parlé à mes mains qui ne savent plus se tenir
Quoi d’autre devenir que ce moi somnambule ce moi ventriloque
Mes genoux qui me font mal de me soutenir
Moi vivant ou chloroses dans ces sacs de prières
Pourtant je t’aime lentement dans la course des éclairs
Il suffit de le dire à l’étincelle à la musique penchée
À la danseuse qui tourne dans son bocal de neiges
C’est peu de le dire et je te le dis pourtant
Je t’aime pour ce liquide de toi qui coule de tes ronces
Je me tords le jour et la nuit pour un peu de ton abîme
Ma langue ce mors de tes dents qui revit de ses douleurs
J’ai repeint de bleu le palais de ta bouche le soleil de tes combes
J’ai chassé les fantômes de tes rideaux et pour cela je t’aime
Autrement et pareil à la statue trouvée dans le sable
Pareil à l’antiquité de ton timbre aux coraux de tes sutures
À mesure que la nuit blêmi de trop d’étoiles je grandis
De toutes ces alarmes crevées de ces rivières tamisées
De ces couloirs déviés de cet amour de battre à chaque cil
Dans les grandes manoeuvres de ton ventre
Et ce feu qui me hante et remet le couvert
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