Arrivé
sur le seuil de ma demeure
je portais la main à la poche
à la recherche de mes clefs
– à moins que je cherchais autre chose ?-
ma poche était vide
la porte s’ouvrit
Depuis longtemps un livre
posé sur la table d’écolier
– est-il temps ? –
Mon chat
expert en aller-retours
ne déteste rien tant
que les portes closes
et moi
son maître fidèle
je n’aime rien tant
que les lui ouvrir
ce faisant il me semble
que je déploie son univers
– À moins qu’il ne s’agisse du mien –
Quand par degrés successifs
l’imagination comble les déficiences
je me plaît à écouter
la musique produite par un disque dégradé
Les chahuts d’une ville au loin
que la colline atténue
et j’aime observer les existences
à travers les fenêtres
tachées d’anciennes pluies
je perçois ainsi le monde
de loin comme une musique incertaine
que je suis libre de moduler
Comme tous ceux qui portent en eux-mêmes
un esprit promeneur, je n’aime rien tant
que l’immobilité
je traverse les couloirs
les chambres intermédiaires
qui tapissent l’existence
de points en points
à la recherche d’excursions clandestines
entre deux trajets
Chaque jour je me rappelle à nouveau
de ce que je ne cesse d’oublier
et je poursuis en secret
comme une libellule itinérante
une lueur que je n’ai jamais vu
-Ceci
pourrait tout aussi bien être
un nuage-
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