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Je réalise dès maintenant l’impossible : je contemple la lumière des étoiles mortes. Vous me pensez fou. Le monde entier est fou. Je me nourris de ce qui n’est plus, pour vous, qu’une vague élucubration, un autre temps. Le passé. Je prends dans mes doigts les cheveux poudrés d’or des femmes, je poursuis la fée perdue dans le labyrinthe qu’est devenue ma vie. Dans les pays brumeux. Les scènes pleines de vie, ces pièces de théâtre, me rappellent de quels éclats étaient fabriqués les feux ensevelis. Le monde est un grand désert en moi, je me souviens sans peine des immenses oasis, vivants bien qu’encore immobiles, et la fraîcheur de cette eau, cachée sous les dunes. Grands espaces de féeries, puits des magies.

Ce que le monde recèle. Je connais des îles lointaines qui nous convoquent et que vous n’entendez pas, la tête dans votre réalité provisoire. Moi-même, tel que vous m’avez connu, n’est pas ce que je suis véritablement. Laissez-moi vous dire, n’ayez pas d’idées sur moi. Elles seront nécessairement fausses. Je ne suis pas fou, ou alors je ne le suis plus, je viens de renaître, je viens de trouver la guérison.
Regardez sous l’apparence, sous la trame, c’est un être inconsolé qui pleure et que vous n’entendez pas. C’est à celà que se réduit le monde. À l’apparence d’un côté, à la féerie de l’autre. Cette autre dimension est la mienne. Il ne pleure pas simplement parce qu’il est triste, il pleure parce que vous ne l’entendez pas. C’est qu’il est enfoui sous un kilomètre de solitude.
Il nous attend à la sortie du labyrinthe.

Mon destin invisible, le fil d’Ariane introuvable vers ma vie, ma vie de raison et de sensations. Regardez, je suis présent, même au fond de mon délire. Regardez aussi mon paysage, chaque arbre est un cheveux de ce grand visage nommé Terre, et ses étoiles, lucioles du ciel, ces poudreuses étoiles laissées après elle. Ma planète inconnue, mon théâtre aux splendeurs indécelées.

Les flammes, nervures nervaliennes, ailes filigranes, fées, escortes de rêves. C’est que je suis suffisamment fragile pour être fissuré. Et c’est par ma fissure que pénètre en moi le rêve. Ainsi suis-je fou, sans doute, puisque par la corde j’ai mis fin à ma mort.