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J’aurais peut-être pu le deviner. Je sentais, vaguement, qu’un certain changement allait se produire dans ma vie. Un changement, non pas d’ordre matériel, mais plus profond. Quelque chose se déplaçait tout au fond de moi. Quelque chose changeait d’endroit. Je crois qu’il était temps. L’air se faisait rare. Il me semble que je recommence à croire en quelque chose. Ce « il me semble » peut sembler pas tellement sûr de lui, c’est parce qu’il s’agit d’une chose tellement abstraite. La croyance est plus dans le doute que dans la certitude. Un peu comme de l’amour. Quand on balaye la terrasse, quand on change de peau. L’Homme n’a pas, comme les chenilles ou les serpents, la chance de muer et de changer de carapace. Mais il a une autre chance, celle de pouvoir changer les écailles, la tapisserie de sa chambre d’intérieur. Ainsi je pense, fermement, pour ce qui me concerne en tous les cas, que le changement est toujours possible, de fond en comble même. Je crois qu’il est possible de se construire, si tant est que nous sommes de la pâte à modeler, au fond, modelable pour les gens restés suffisamment frais, pour lesquels l’argile n’a pas encore définitivement durcie.
Maintenir l’humidité au fond de soi pour ne pas se dessécher, c’est tout un travail. Il faut savoir prendre certains risques, refuser le confort, aller au-devant. Après tout, la vie, c’est quand les choses changent. Sinon, c’est l’eau croupie.
Il faut, aussi, je crois, une certaine part de détestation de soi pour ne pas rester en place et changer continuellement. On hurle à tue-tête qu’il faut apprendre à s’aimer soi-même… Moi je dis qu’on s’aime trop, et qu’il faut, au contraire, cultiver une part de mépris de soi. Et surtout ne pas se rendre coupable de ne pas toujours s’aimer. C’est de là que vient la bonté, aussi.

Il me manquait un nouveau soleil et ce soleil, je l’ai trouvé, il se nomme Sabine Sicaud. Quelle découverte…Quelle souffle de vitalité cette découverte provoque en moi. Je serai éternellement reconnaissant envers Yves Heurté, qui me l’a faîte connaître.
C’est un rappel à l’ordre. Un signe des anges dans le ciel. Un véritable hymne à la joie de vivre, à la chance d’être là. C’est la poésie, telle que je la conçois. Instinctive, à la simplicité déployée comme un éventail multicolore. C’est la force de l’innocence. Je retrouve ce qu’on appelle parfois la sincérité, ce terme galvaudé, je me souviens tout à coup qu’elle existe, et que ce n’est pas du tout commettre un vain effort que de partir à sa rencontre, de la faire sienne. La sincérité, c’est exprimer les choses telles qu’on les ressent. Si on y ajoute la maîtrise de son art, on atteint à la beauté picturale. La sincérité, c’est pouvoir se croiser soi, enfant, et ne pas baisser les yeux.