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J’ai parfois des frissons qui me parcourent la nuque, et j’entre dans le délire. Persécution, abandon. Deux peurs qui n’ont sans doute pas de raisons d’être, mais je les sens parfois en moi resurgir. Soutenez-moi, car je suis seul. Ô je n’ai pas besoin de grand-chose, peut-être des doigts qui miment le piano, de l’indulgence. De la présence, surtout. Je vois bien, il n’y a personne. Soutenez-moi, car je suis seul et je reprend ma route.

Seul, dans le noir. J’ose un pas. A ma droite, à portée, un arbrisseau. Je l’entend se balancer légèrement. Et bruire. Un vent léger, frais sans être froid. Je tourne mes yeux vers le haut. J’y vois un ciel étoilé. La lune, un étroit croissant, entre elle et mes yeux, des nuages, frêles, qui la cachent par instants. Je reste, à regarder. Je suis debout. J’entend le bruit d’un torrent, au loin, très bas. Mes yeux se font à l’obscurité. C’est un chaparral. Cet endroit m’est familier. Je ferme les yeux.

J’entrouvre les yeux. Je vois des lignes lumineuses, des scintillements. Des cierges. Un silence. L’odeur des encens me vient avant que j’ouvre les yeux entièrement. Je suis assis en tailleur, la tête inclinée vers le bas. J’aperçois des stries, c’est un carrelage. La pierre. Je lève mon regard, j’aperçois un autel, des fleurs. Des réceptacles en cuivre. L’endroit est vide, mais il était peuplé sûrement, il y a encore quelques minutes. J’entend une voix extrêmement bienveillante de femme, derrière moi. Je ferme les yeux.

J’entrouvre les yeux.