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I got the spirit loose the feeling

Elle est là assise, un coude sur la table de nuit, à rêver d’on ne sait quoi, la chevelure tombant en cascades par-devant son visage blanc. Elle est là qui fait danser ma vie sans trop le savoir, sans trop le vouloir avec ses bruits de coeurs et puis sa respiration qui se retient de ne pas chuter trop lourd sur les lames du parquet, et réveiller les voisins. Elle tâte la flamme avec ses doigts, voir si ce n’est pas trop brûlant, avec le vernis magenta de ses ongles caressant le bas de la mèche, à la naissance, là où le feu est bleu et moins chaud encore. Voilà qu’elle passe la main dans ses cheveux pour replacer la mer dans le sens de la marée, éloigner les boucles du crépitement, elle pense, elle attend que les choses chavirent. Des morceaux de cire sous les griffes qu’elle nettoie, avec sa félinité, nous mourrons tous un jour, lance-t-elle intérieurement dans le puits sans fond de son esprit enseveli et qui va ricocher sans fin pour, peut-être, reparaître là-bas, à l’opposé de son monde. Cette pensée donne à la flamme une nouvelle jeunesse, une certaine réalité qu’elle n’avait pas avant.

Peindre une vie tout entière en nouant des lignes de phrases autour des virgules, ces hameçons pour attraper deux ou trois paradis ça et là. D’une fenêtre à l’autre les gens passent sans se remarquer les uns les autres comme des traînées de fantômes innombrables qui somnolent à travers la vie, rêvant d’éternité ce laps d’une minute, peut-être. La Terre ce manège perdu entre deux trous noirs, ce tourniquet enchanté cerclé d’étoiles inconnues qui vont, chacune à leur tour rendre l’écho à la nova magistrale qui les a fait naître. Ce bal incompréhensible aux sillons tracés par les dieux fous.
Elle est assise et songe à ce que sera demain si aujourd’hui s’empressait déjà de fuir derrière les persiennes, avec le soleil.