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Comme un papillon de nuit est attiré par une flamme. Toi aussi, es-tu un oiseau de nuit ? Où vas-tu, quand le soleil se retire ? Quelle piste vas-tu suivre, quand le dieu a éteint le monde, a rallumé les imaginations ? Quel est ce voyage, dis-moi. Il me semble que je ne te connais pas. Comme tu sembles toi-même ne pas te connaître. Sitôt que la lumière s’estompe, tu sembles t’évaporer. Qui es-tu, derrière le rideau ? Farouche, étincelante. Amoureuse de la mort. Accablée déjà par la vie, ne sachant vers quel point de l’horizon tourner les yeux. Te laisses-tu vaincre par la peur, imagines-tu des forces abstraites tracer un cercle de craie noire autour de toi, afin de circonscrire ton existence ? Et cette frontière, est-elle franchissable, n’est-elle pas qu’un dessin sur le sol. La peur de l’avenir semble te ronger. J’aurais, moi, les capacités de changer encore bien des choses, de les transcrire. Et de te rendre, face à toi-même, telle que tu es, en baissant les bras, en rompant les armes et les artifices. Car il me semble que tu n’es pas encore éclose. Peu sont ceux qui auront la chance de s’extraire de leur conformité, de leur fade doublure. Presque tous sont uniquement le produit inconscient du désir des autres, de l’uniformité ambiante, et ne sont pas eux-mêmes, mais des machines à mimer la vie . Mais toi, tu sembles perdue dans l’entre-deux, dans le brouillon. Pas tout à fait toi-même, pas tout à fait comme les autres. Mais je crois que ton coeur a déjà choisi quelle direction il voulait prendre.

Celle de la nuit, qui prépare doucement le lit du soleil.