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Assis près de la lisière, les bras en cercle autour de tes genoux tu regardes les araignées d’eau. Finalement, tu te sens comme elles, leurs mouvements épileptiques, ce flottement, cette petitesse, c’est un peu toi. C’est sûr que toi aussi tu manges les bactéries et tu es tout aussi léger. Ses pattes sous douces pour cette étendue d’eau sans mouvements. Elles ne la percent pas. Tu ne veux faire aucun bruit, rien d’autre qu’un très léger bruissement, tu ne veux rien bousculer. Au fond, tu recherches ta mince vie minutieuse dans les plis de l’eau. Tu n’offres aucune résistance, en proie à l’obéissance. Aux courants marins. Demain matin il y aura une brise et tu seras transporté un peu plus loin. Tu pourras attendrir légèrement les poissons polychromes qui viendront te caresser le ventre. Une membrane te sépare d’eux et d’une certaine façon tu n’es pas dans le même monde.