Clous
Je préfère les étoiles qui s’imaginent poussière.
Clous
J’ai descendu les marches
Gratté le chat derrière les oreilles
Et retourné dormir
Séjour doré
J’étais un petit garçon adorable
De jeunes filles se battaient pour m’appartenir
Et mon chien vaillant était prêt à chaque instant
À mourir à mes pieds pour me défendre
Aujourd’hui je suis plus vieux
Et je prie pour que mes rêves soient transmis
De mes nouvelles
Parfois
Quelque chose d’ancien toque à ma porte
Me salue en baissant son chapeau
Et vient me donner de mes nouvelles
Clous
Coupé depuis trop loin
Des étoiles
Clous
Il est une réalité et elle est lointaine
Nuage
Empêchée
Blonde, pugnace. Magnifique, aventureuse. Pimpante, vivante. Ensorcelée, empêchée. N’est pas telle qu’elle a été conçue. N’est pas t’elle qu’elle était sensée vivre. Délabrée par des forces mystérieuses. Forte mais plombée par un inconnu. Reine ébréchée. Pauvresse habillée pour un autre destin. En-dehors de ce monde. Forces puissantes dans un autre monde, ici caduques. N’a pas pu aimer. N’a pas pu être aimée comme il se doit. Empêchée de vivre par des forces obscures. Les hommes baissent le front, vaincus, sans comprendre. Les raisons sont nombreuses. Pas une seule n’est valable. Absurdité d’un être puissant rendu caduque. Propre à l’oubli. Reine sans essors. Reine sans fortune. Reine sans royaume, sans affections, sans retours, sans rien. Je ne t’oublierai jamais. Pas plus que je ne m’oublierai moi-même, puisqu’à-travers elle c’est moi qui meurt. Je fais comme les autres, je nage sans jamais aller nulle part. J’ai posé ma main sur son corps et il était froid. J’aurais souhaité entendre son rire une fois supplémentaire. J’ai été si con que je n’ai pas su lui dire que je l’aimais. Mais elle le savait. Elle ne respirait pas. Elle respirait en moi. Elle respirera à-travers moi. Je suis tout ce qui lui reste. Il ne lui reste rien, rien d’autre que moi. Quelques pierres. Moi de-même, je suis à-demi hors de ce monde. Je suis simplement un meilleur acteur. Je joue mieux le jeu, à mes dépend, on mon avantage, qu’importe. La conclusion de tout ceci est un nuage. Rien de plus qu’un nuage. Mais un magnifique nuage. Retenez ceci. Un nuage. Il ne subsiste rien d’autre. Et c’est très bien ainsi. C’est magnifique.
Poésie
La conclusion de tout ceci est un nuage
Rien de plus qu’un nuage
Mais un magnifique nuage
Retenez ceci. Un nuage
Il ne subsiste rien d’autre
Et c’est très bien ainsi
C’est magnifique
Poésies
Ne pas avoir de vie
mourir malgré tout
et tout emporter avec soi
Poésies
Soulagement triste
Une vie s’est détachée, qui a emporté notre chair avec elle
Continuités
Elle ne disparaîtra qu’à moitié, car elle était déjà à demi hors de ce monde.
Clous
Chats des montagnes
Prenez mes os
Clous
Souviens-toi : il y a toujours plus à toute chose.
Esclave
La recherche de la vérité est une démarche d’esclave.
Clous
La peur de la mort a ceci d’étrange qu’à force, elle nous la fait oublier.
Clous
Derrière les visages. Un enfant hurle. Les mimiques servent à le cacher.
Clous
Il n’existe qu’une façon de créer : il faut invoquer la mort.
Clou
À soi il n’y a pas plus étranger qu’un père.
Clous
Parfois, il m’arrive de retourner en territoire peuplé.
Clous
Tout ce que tu aimes est né de la guerre.
J’ai cultivé ma mort dans un nuage
J’ai cultivé ma mort dans un nuage
Avec son petit train lent dans le ciel
J’y ai fait germer figurines, songes, insectes
Amitiés,
Tout ce dont j’ai moi-même causé la mort
À un moment ou à un autre de ma vie
D’ici je les aperçois parfois
Quand le ciel est bas, ils passent
Me font signe
Ça n’est pas un désir de vengeance qui les anime
Bien au contraire, il me semble
Qu’ils attendent de trinquer avec moi
Le parfum qui émane
Le parfum qui émane de sa peau est semblable au souvenir que j’ai de mon âme.
Clous
Tout entier vers ce qui fuit
Ce qui se tait, et disparaît
Une petite bosse
J’ai depuis toujours une petite bosse derrière mon crâne. Enfant, je la sentais quand je me couchais sur un sol dur. Un jour je disparaîtrai, et cette petite bosse s’effacera avec moi.
L’empêché
S’extraire de la maison des morts
Sur la pointe des pieds
Pour ne pas les réveiller
Main de Cosmos
J’ai fait le ménage dans ma langue. Pour y anéantir quelque chose de lourd. Désormais je ne sais plus bien parler. Une main me fait me taire. C’est la mienne propre.
Sac de vertèbres
Voilà bien mille ans que je mets bas
ce sac de vertèbres
Clous
L’amour ne sort pas des eaux sans quelques algues attachées à ses chevilles ni sans quelques angoisses.
Volatilisation
Ce que je réclame, c’est le silence, au fond je n’ai jamais rien demandé d’autre. Exception faîte de ta venue dans mon univers, il me semble. De ta petite main électrique, de tes cheveux ébouriffés, de tes bras potelés. On eût dit que l’être humain est fait de cire : la chaleur le confond. Le Soleil le met en pièces. L’être humain est conçu pour la volatilisation. J’en réclame le prélude.
Si tu le trouves
Si tu le trouves, regarde-le, retiens-le avec tes yeux, il ne décampera pas de sitôt, tu peux me croire. Il se couchera à tes pieds, avec ses dents de loup, tournées en direction des étoiles. S’il parle du temps qu’il fait, ne prends pas la peine de répondre, il veut savoir si tu sais écouter. Seulement écouter, rien d’autre.
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